Après avoir raté de peu le Lion d'or en 2007 pour La graine et le mulet, le réalisateur tunisien, Abdellatif Kechiche a voulu tenter encore une fois sa chance cette année avec Vénus noire dans la même course pour le Lion d'or 2010. Venise (Italie) De notre envoyé spécial Hélas, même si Tarantino, président du jury, peut défendre ce genre de film, Venus noire est d'un niveau très bas, scandaleusement voyeuriste et de bout en bout médiocre. A la projection de presse, mardi soir 7 septembre, les chaises ont claqué, des journalistes sont sortis et au bout de plus de deux interminables heures de projection pénibles, seuls quelques uns de ceux qui sont restés à la Sala Perla, très indulgents, ont applaudi sans aucune conviction, par politesse. Kechiche était infiniment plus plausible quand il a fait La faute à Voltaire, L'esquive. A son échelle, modeste et créative. Maintenant, après avoir signé un contrat avec trois grosses productions commerciales, notamment avec la peu recommandable MK2, à Paris, il semblerait que c'est sa descente aux enfers. Le voici perdant son profil d'auteur pour se rallier au look infâme et commercial cher à MK2, look symptomatique des productions françaises «attrape-tout». Les bons films se font rares. Surtout cette année à la Mostra de Venise. Assistant à la file à quatre films en compétition : Post mortem (Chili), Balade triste (Espagne), Promises in water (Usa), réalisés successivement par Pablo Larrain, Alex Iglesia, Vincent gallo, et plus le désolant opus de Kechiche. C'est passer des heures très épuisantes. On échangerait tous ces films pour un plan de Truffaut ou de Scorsese. La sélection, cette année à la Mostra, semble s'accorder sur le minimum, sur le plus petit dénominateur commun d'une production. Mk2, les pervers et les voyeurs se réjouiront de voir Vénus noire de Kechiche.Deux heures et demie de lassitude, de mauvais goût. Un rude retour en arrière pour Kechiche. Mais sûrement un bon contrat pour MK2. Difficile de ne pas regretter qu'un vrai auteur n'ait pas essayé de faire revivre plus dignement la mémoire de Saartjie Bartman, la jeune esclave sud-africaine montrée sur les scènes de foire au XVIIIe siècle, à Londres et paris, comme phénomène exotique. Celle qu'on appelait La Venus Hottentot était une jeune femme intelligente, qui jouait de la musique et chantait d'une belle voix. Louis Aragon lui a rendu hommage dans un poème qui se moquait des savants français qui cherchaient à l'assimiler au singe du fait de son physique particulier. Elle a vécu des moments très durs en Europe et finit par se prostituer pour mourir très jeune. Le Tunisien Kechiche a laissé filer le secret profond de son personnage, son film n'est qu'une succession de scènes humiliantes subies par la jeune esclave. Une horreur à répétition qui donne les larmes aux yeux.