Le photographe hongrois, Etienne Sved, a immortalisé des séquences parlantes et émouvantes à la fois. A travers les 112 pages proposées, le regard du lecteur est happé par ces clichés, réalisés en noir et blanc, résumant un pan de l'histoire. La nostalgie est de mise devant ces scènes de la vie quotidienne. En 1951, Etienne Sved se rend en Algérie pour y séjourner environ six semaines. Au départ, c'est un prétexte familial qui le conduit à Alger en compagnie de son épouse Yvette et de sa fille Françoise, âgée à peine de trois ans. Il est à noter que sa femme était arrivée en Algérie en 1941 avec ses parents et était repartie en France en 1945. Sa mère est morte en 1942, mais son père demeurait toujours à Alger avec sa seconde épouse. Ainsi, pour échapper à la pression de la maison familiale du beau-père - située à El Biar - etienne s'échappe avec son boîtier, pour justement reconduire le même travail qu'il avait effectué en Egypte, à savoir immortaliser des séquences saisissantes. Il photographie Alger et ses environs au bord de sa 4CV Renault, la Kabylie en autocar jusqu'aux portes du désert. La série complète comporte environ 600 négatifs format 6x6, dont Svet avait des tirages de lecture. Ces images ont été collées par l'artiste sur des planches où figurent quelques rares éléments de légende, essentiellement géographiques. Afin d'apporter un éclairage historique et littéraire, trois auteurs tels que Benjamin Stora, Mallek Alloula et Maïssa Bey ont prolongé le témoignage d'Etienne Sved en livrant des textes. Etienne Sved est né en 1914 en Hongrie. Il intègre en 1930 à Budapest une école d'arts graphiques l'Atelier, fondée par des professeurs du Bahauss. Ces derniers ont fui l'Allemagne nazie. Juif, Etienne Sved doit fuir son pays à l'arrivée des nazis et se réfugie en Egypte en 1938 où il y demeurera jusqu'en 1946. Journaliste pour Le Progrès égyptien, il publie de nombreux dessins satiriques avant de découvrir la photographie. Il parcourt le pays à dos d'âne en s'attardant dans les musées, les sites funéraires et les rives du Nil. Il rapporte de ce long voyage une impressionnante collection de photos d'une valeur inestimable qu'il exploitera dans un ouvrage L'Egypte face à face, avec un texte de Tristan Tzara, paru en 1948. Après la Seconde Guerre mondiale, il s'installe en France pour s'adonner pleinement à la photographie. Il y mènera également une carrière de graphiste publicitaire. En 1970, il crée sa propre maison d'édition en Haute-Provence en se faisant remarquer par la publication de Province des compagniles, qui reçoit le prix Nader. Il poursuit son travail d'éditeur et de photographe jusqu'à sa mort en 1996. En 2003, le musée Nicéphore fait l'acquisition du fonds photographique moyen-oriental d'Etienne Sved, composé de plus de 3000 négatifs et de vintages. Toujours en 2003, est organisé à Manosque une importante exposition intitulée « Etienne Sved photographiste », retraçant son parcours. L'année suivante, le musée Denon de Chalon-sur-Saône élargit l'audience du photographe avec une exposition intitulée « Maalesh, un asile photographique au Moyen-Orient ».