Le procès des chrétiens poursuivis pour «création illégale de lieu de culte» se tiendra, aujourd'hui, au tribunal correctionnel de Larbaâ Nath Irathen, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou. Quatre prévenus seront présentés devant le juge dans le cadre de cette affaire, dont le procès devait initialement avoir lieu le 8 août dernier. La justice reproche aux mis en cause d'avoir ouvert une église sans autorisation des pouvoirs publics. Ce grief est rejeté par les membres de cette communauté qui estiment que «tous les lieux de culte chrétiens, de confession protestante, exercent avec un agrément délivré par les autorités du pays à l'Eglise protestante d'Algérie (EPA)». Mustapha Krim, président de l'EPA, dénonce «fermement ces agissements» à l'encontre des chrétiens. «Ce n'est pas une chose acceptable, celle de juger des citoyens parce qu'ils pratiquent leur culte. Il n'y a pas d'autorisation particulière pour les antennes de l'Eglise protestante d'Algérie qui dispose d'un agrément national», nous a-t-il dit. M. Kricreche, pasteur de Tizi Ouzou, estime lui aussi, que «ce procès n'a pas de fondements, d'autant plus que les mis en cause ont agi dans la légalité, car, si la justice veut condamner les chrétiens dans notre région, qu'elle fasse carrément un procès contre l'église nationale qui chapeaute tous les lieux de culte à travers le territoire algérien. Nos structures au niveau local n'ont pas d'agrément. Elles ont des affiliations à l'EPA», nous a-t-il expliqué avant d'ajouter qu'aujourd'hui, «on sera au rendez-vous pour soutenir les prévenus et demander leur relaxe». Un rassemblement de solidarité est attendu, pour aujourd'hui, devant le tribunal de Larbaâ Nath Irathen. Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme sont attendues pour se joindre au rassemblement prévu devant le palais de justice de l'ex-Fort national, pour s'élever contre «cette inquisition à l'encontre des pratiquants d'un culte non musulman». Arezki Aït Larbi, initiateur du collectif SOS liberté, relève que «ce procès s'inscrit dans le même contexte que celui qui s'est tenu, mardi dernier, à Aïn El Hammam. Mais, il s'agit de faire en sorte que les gens qui vont venir soutenir les prévenus ne répondent pas aux différentes provocations qui ne manqueront pas de se manifester pour faire déraper la mobilisation citoyenne dans la violence. Pour le reste, nous allons agir en fonction du verdict», nous a-t-il précisé. De son côté, Hocine Azem, vice-président du Congrès mondial amazigh (CMA), exhorte les associations affiliées à cette organisation non gouvernementale à venir massivement pour se solidariser avec les mis en cause. Le RCD, pour sa part, dénonce ces «attaques répétitives et ces atteintes aux libertés». «Le RCD, interpellé par cette énième atteinte aux droits fondamentaux des citoyens, rappelle que ces arrestations sont dénuées de tout fondement légal, la Constitution algérienne consacre clairement la liberté de culte, la liberté de conscience et la liberté d'opinion», nous a déclaré Hamid Maâkni, président du bureau régional du RCD à Tizi Ouzou.