La ville de Clichy-sous-Bois a été marquée par deux nuits consécutives d'émeutes provoquées par la mort de deux adolescents, électrocutés jeudi soir après avoir pénétré dans un transformateur EDF. Elus et responsables religieux de la ville ont lancé samedi un appel au calme. En fin de journée, un important dispositif policier a été en place pour empêcher de nouvelles violences. Près de 400 policiers et CRS ont été mobilisés, a-t-on indiqué de source policière. Le quartier du Chêne Pointu, l'une des deux cités de Clichy-sous-Bois, s'est embrasé jeudi soir après la découverte des corps de deux adolescents, Ziad et Banou. La rumeur s'est rapidement répandue qu'ils avaient été pris en chasse par des policiers et avaient trouvé refuge dans le local extrêmement dangereux d'EDF. Samedi après-midi, un troisième jeune, blessé dans les mêmes circonstances, interrogé sur son lit d'hôpital, a confirmé que les trois adolescents se croyaient poursuivis par la police « alors qu'à aucun moment ils ne l'ont été », a déclaré le procureur de la République de Bobigny, François Molins. Nicolas Sarkozy devrait recevoir les familles cet après-midi. Deux enquêtes ont été ouvertes pour faire la lumière sur ces événements : l'une a été confiée à la police judiciaire et l'autre à l'Inspection générale des services (IGS), la police des polices. Selon le directeur départemental de la sécurité publique de la Seine-Saint-Denis, Jacques Méric, un fourgon dans lequel étaient présents plusieurs CRS « a fait l'objet d'un tir d'arme à feu ». La balle, de gros calibre, a transpercé la carrosserie, sans atteindre personne. Les syndicats de policiers réclament plus de moyens humains et matériels pour intervenir dans les quartiers sensibles..Vendredi, Nicolas Sarkozy a annoncé que la totalité des voitures de police serait équipée de caméras d'ici la fin de l'année. « Dans une affaire comme celle-là, s'il y avait eu une caméra, il y aurait un élément objectif qui permettrait de savoir », a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Nancy. Les émeutes ont fait 16 blessés légers, 15 policiers et un journaliste, selon la préfecture de la Seine-Saint-Denis. Le bilan des dégâts matériels fait état d'une trentaine de voitures incendiées, ainsi que des poubelles et du mobilier urbain. Lors d'une conférence de presse, le procureur de Bobigny a précisé que les trois adolescents réfugiés dans le transformateur « n'étaient pas défavorablement connus des services de police ». « Il ne s'agissait pas de délinquants. » Les trois victimes se sont mises à courir en voyant arriver un groupe de jeunes qui semblait fuir un contrôle d'identité après une tentative de cambriolage sur un chantier, a-t-il ajouté.