L'Etat espagnol vient d'apporter une importante précision en ce qui concerne les accords tripartites de Madrid (Espagne-Maroc-Mauritanie) en ce qui concerne le territoire du Sahara-Occidental. Ce qu'on avait appelé à l'époque, soit en 1975, l'accord secret avait des limites au demeurant, rappelées en janvier 2003 par le conseiller juridique de l'ONU qui avait officiellement contesté au Maroc le statut de puissance administrante. Ainsi apprend-on, le gouvernement espagnol a réaffirmé, récemment, dans une réponse écrite à la question d'un député du Parlement que l'accord en question ne stipule pas le transfert de la souveraineté sur cette ancienne colonie espagnole au Maroc. A une question du député du Parti nationaliste basque, Josu Erkoreka, le ministère des Affaires étrangères a indiqué que les accords de Madrid, d'il y a 30 ans, supposèrent le transfert de l'administration du territoire, mais n'impliquèrent nulle reconnaissance de la souveraineté, question qui demeure pendante d'un règlement du contentieux dans le cadre des Nations unies et de l'exercice de l'autodétermination. Le ministère des Affaires étrangères a rappelé, dans ce contexte, le rapport élaboré par le secrétaire général adjoint aux affaires juridiques des Nations unies, Hans Corell, sur les explorations minières effectuées par le Maroc au Sahara-Occidental. Ce rapport avait donné raison au Front Polisario qui avait dénié à Rabat, qui occupe illégalement le territoire, le droit de disposer de ses ressources minières. Ce qui revient encore une fois à conforter la position de l'ONU qui a toujours traité la question du Sahara Occidental uniquement sous l'angle de la décolonisation. Un fait que l'Espagne n'a jamais reconnu publiquement, et il était temps qu'elle le fasse. C'est-à-dire qu'elle dévoile les accords secrets à travers lesquels un territoire occupé a été cédé à un autre occupant. Une incroyable machination par laquelle un peuple a été privé de son droit le plus élémentaire, la liberté. Maintenant que l'Espagne situe avec précision les implications prévues de l'accord en question, quelles suites y a-t-il lieu d'attendre ? C'est ce pays qui est historiquement responsable de la situation faite au peuple sahraoui, et l'aveu ne manque pas d'importance ni de pertinence, au moment où le Maroc persiste dans on blocage du plan de paix des Nations unies tout en se prévalant d'appuis - dont celui de l'Espagne - pour y persister. En cette année du 30e anniversaire de la conclusion de ces accords et de l'invasion marocaine, le combat des Sahraouis se poursuit avec la même intensité. C'est ce qui a amené au renvoi de son poste l'ancien ministre marocain de l'Intérieur, Driss Basri, incapable, disait-on alors, de faire des Sahraouis « de bons sujets du roi », mais ceux qui l'ont remplacé n'ont pu étouffer le sentiment nationaliste sahraoui. Des policiers marocains étaient déployés en nombre hier à El Ayoun, capitale occupée du Sahara Occidental, après l'annonce de la mort d'un Sahraoui dans une manifestation. « Des policiers sont déployés en grand nombre », a indiqué Hamoudi Igulid, responsable de la section de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à El Ayoun. Depuis des mois, les manifestations en faveur de l'indépendance se déroulent avec régularité malgré le poids de la répression marocaine, et des escarmouches ont lieu quasi-quotidiennement entre des adolescents et des policiers en fin d'après-midi à la sortie des écoles, selon des témoignages concordants. Mais samedi soir, un jeune homme, Hamdi Lambarki, est décédé alors que des Sahraouis manifestaient en scandant des slogans indépendantistes. Selon des témoignages recueillis par la famille, il a été heurté par une voiture de police puis frappé à la tête. Laissé inanimé par les forces d'occupation, il a été conduit à l'hôpital qui a refusé de l'admettre et est mort dimanche matin. Voilà donc la situation qui prévaut dans ce territoire où il est vain d'appeler à une solution politique au moment où la population ne veut rien d'autre que l'indépendance.