L'AVO 88, qui célébrait, cette semaine, le 22è anniversaire des tragiques événements d'octobre 88 a réitéré une série de ses vieilles revendications. L'occasion était de crier la colère qui couve depuis 22 ans et qu'attise une politique faite d'amnésie. «Jusqu'à quand le pouvoir restera-t-il sourd aux cris de détresse des familles qui ont perdu des êtres chers ?» Voilà une douloureuse interrogation qui résume à elle seule tout le désarroi que vivent les victimes des tragiques événements d'octobre 88 qui constitue une date charnière de la démocratie en Algérie. L'association des parents des victimes d'octobre 88, AVO 88, de Béjaïa, qui célébrait, cette semaine, le 22è anniversaire du 5 octobre 88 a réitéré une série de ses vieilles revendications. L'association a, en effet, organisé, durant la matinée du 5 octobre, un rassemblement devant la maison de la culture Taos Amrouche. Les 80 bénévoles que compte l'association ont également déposé symboliquement une gerbe de fleurs à la mémoire des victimes. La veille, l'association avait organisé une conférence-débat autour de cette date douloureuse. L'occasion était de crier la colère qui couve depuis 22 ans et qu'attise une politique faite d'amnésie. Il y a 22 ans, jour pour jour, Béjaïa avait déploré 5 morts et 16 blessés qui se retrouvent aujourd'hui des handicapés à vie. «Les parents des victimes sont toujours en quête d'un statut pour leurs proches tombés en martyrs ou handicapés», affirme Zahir Kheloufi, président de l'association des parents des victimes d'octobre 88 de Béjaïa. C'est grâce au sacrifice des victimes d'octobre 88 que sont nés le multipartisme, la démocratie et la liberté d'expression en Algérie. «Les parents des victimes se battent depuis vingt deux ans pour obtenir la réparation d'une injustice historique: la revalorisation des pensions», déplore M. Kheloufi. Alors que l'inflation a explosé durant ces dernières décennies, les indemnités octroyées aux victimes et aux ayants droit n'ont pas été valorisées depuis 1989. Les victimes perçoivent une pension mensuelle allouée par la caisse de Sécurité sociale, qui oscille entre 2 500 et 6 000 DA, suivant le cas (ayant droit ou blessé). Elles sont calculées sur la base d'un très ancien SNMG de 2400 dinars. L'amnésie règne en maître depuis l'ouverture démocratique. Comble du ridicule, les victimes sont considérées comme des accidentées du travail. La révolution d'octobre 88 avait pourtant soufflé un vent de démocratie pour une République Algérienne, en quête de liberté. Au prix de plusieurs centaines de martyrs et d'handicapés. Et pourtant, les héroïques victimes qui devraient être considérées comme des icones de la démocratie sont aujourd'hui toutes oubliées, sacrifiées sur l'autel de l'amnésie. Classés comme «des gamins ayant commis un chahut subversif» ou comme «des victimes collatérales de luttes de clans», les héros d'octobre 88 ont tout simplement rejoint le long cortège des oubliés de la République. L'Algérie se doit pourtant de glorifier ces victimes de la liberté qui constituent un symbole de la dignité du peuple. A quand la république leur sera reconnaissante ?