Le conflit social lié à la réforme des retraites se durcit en France l Loin de s'essouffler,le mouvement de contestation prend de l'ampleur, alors qu'une nouvelle journée d'action nationale est annoncée pour aujourd'hui.Nicolas Sarkozy a présidé hier matin une réunion à l'Elysée sur la crise du carburant. Brice Hortefeux a activé le centre de Coordination interministérielle de crise (Cogic), confirme le ministère de l'Intérieur. Ce centre opérationnel, installé au ministère de l'Intérieur, est chargé de collecter et de centraliser, 24 heures sur 24, l'ensemble des informations concernant la crise sur les carburants dans le cadre du conflit sur les retraites. La décision a été confirmée lors d'une réunion lundi matin à l'Elysée, présidée par Nicolas Sarkozy, en présence du Premier ministre, François Fillon, de Brice Hortefeux, Luc Chatel (Education), Dominique Bussereau (Transports), Eric Woerth (Travail), Jean-Louis Borloo (Ecologie) et Georges Tron (Fonction publique).Le gouvernement, qui a promis d'empêcher tout blocage du pays, a commencé à procéder à des réquisitions de salariés sur certains sites, comme à Grandpuits (Seine-et-Marne). Les 12 raffineries françaises ont reconduit la grève hier, alors que plusieurs centaines de stations-service étaient déjà touchées à des degrés divers par ces perturbations. Le secteur de la grande distribution fait état de près d'un millier de stations-service touchées dans ses réseaux. Quelque 1500 stations-service sur les 12 500 que compte la France, étaient en rupture de stock de carburant, selon l'Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP). La France a commencé à puiser dans ses stocks pétroliers pour pallier les perturbations dans l'approvisionnement en carburant provoquées par les grèves dans les raffineries et les terminaux pétroliers, a déclaré hier un responsable de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). L'AIE impose à chacun de ses pays membres de détenir en permanence en réserve au moins 90 jours de consommation moyenne de pétrole brut et/ou de produits finis. En France, ces stocks sont répartis équitablement entre brut et produits raffinés. De leur côté, les distributeurs indépendants de produits pétroliers réunis au sein de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C) ont réclamé la mise en place d'un système de répartition des approvisionnements. Soixante-cinq navires, soit 4 de plus que dimanche, étaient bloqués ou retardés lundi à Fos-Lavera à cause des grèves, dit la direction du port de Marseille. Parmi eux figurent 47 pétroliers. A la fermeté, le gouvernement joint des propos qui se veulent rassurants. «Je ne laisserai pas bloquer notre pays, je ne laisserai pas l'économie française étouffer par un blocage de l'approvisionnement en carburant», a-t-il dit. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a assuré pour sa part que le pays disposait de stocks suffisants pour éviter une pénurie. «Le gouvernement est responsable, il n'y aura aucun blocage, et je le dis à ceux qui nous écoutent : il n'y aura pas de blocage pour les entreprises, il n'y aura pas de blocage pour les transports, et il n'y aura pas de blocage pour les usagers de la route», a déclaré pour sa part le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi sur RTL. Par ailleurs, la sixième journée de grèves, aujourd'hui, va sérieusement perturber le trafic aérien. Le syndicat CGT d'Air France a appelé lundi à la grève et à des actions aujourd'hui dans les aéroports français contre la réforme des retraites, en précisant qu'il se réservait la possibilité de les bloquer. La cirection générale de l'aviation civile a annoncé avoir demandé aux compagnies de réduire leur programme de vols de 30% mardi dans les aéroports métropolitains et de 50% à Orly. Des barrages filtrants, des blocages de sites et des opérations «escargot» ont été signalés dans plusieurs régions. Du côté des jeunes, pas d'essoufflement non plus. Jean-Baptiste Prévost, président du premier syndicat étudiant, l'Unef, a appelé les jeunes à amplifier le mouvement. «Nous n'avons pas d'autre choix que d'appeler les jeunes à continuer, à poursuivre leur mobilisation et à l'amplifier», a-t-il dit sur RTL. L'Union nationale lycéenne (UNL) dénombrait pour sa part lundi «650 lycées mobilisés, dont 400 bloqués». Le Sénat doit en principe voter la réforme mercredi, mais ce vote pourrait être à nouveau retardé.