Le manque de liquidités dans les 51 bureaux de poste de la wilaya perdure et provoque le mécontentement. Pour la poste et encore plus pour ses clients, c'est, comme dirait l'autre, être riche sans avoir le sou. Les clients d'Algérie poste à Guelma s'agglutinent autours des guichets depuis plusieurs semaines déjà, et les files d'attente s'allongent toute la journée. Par manque de liquidité, les agents en poste n'octroient qu'un plafond de 20 000 DA à chaque client. Une situation qui fait jaser plus d'un. En effet, la plupart des fonctionnaires, employés, retraités et étudiants sont détenteurs d'un compte CCP. Leur convergence quotidienne vers les guichets provoque un malaise certain, notamment à l'intérieur de la très fréquentée poste du centre-ville de Guelma. «Je suis ici depuis 9h, il est 10h 30 et je n'ai pas encore atteint le guichet. Il paraît que la poste n'a pas suffisamment d'argent pour payer les gens !», nous affirme un homme d'un certain âge exacerbé par la cohue et les jeux de coudes. Une autre personne nous déclare: «C'est depuis quelques jours que j'essaye de retirer 200 000 dinars de mon compte, mais ils refusent. Je suis donc obligé d'effectuer des retraits fractionnés. On aura tout vu. Même mon argent ne m'appartient plus». Mais qu'en est-il au juste ? Y a-t-il vraiment manque d'argent ? À ces questions des responsables d'Algérie poste nous déclarent: «Depuis le mois de juillet, nous n'arrivons plus à satisfaire nos clients en liquidité. Malgré nos appels de fonds auprès de la banque d'Algérie sise à Annaba. Sur le montant demandé par jour nous n'en obtenons que 20%.» À titre informatif, la wilaya compte 51 bureaux de poste qui effectuent les mêmes opérations et prestations : encaissement des factures de téléphone, d'électricité et payement des retraites, salaires, mandats, etc. À noter que 10 appels de fonds sont effectués en moyenne par mois, précise nos interlocuteurs, et les sommes, non communiquées par mesure de sécurité, sont par la suite dispatchées aux différents bureaux de poste de la wilaya. Selon les spécialistes du secteur, le comportement des usagers de la poste a profondément changé. Dans un passé récent, les clients ne faisaient que retirer leur salaire, en garder une partie et épargner le reste sur un compte CNEP. «Aujourd'hui ils ne laissent rien», fera remarquer un employé au guichet. Les cartes CIB, plus de 105 000 en circulation à Guelma, n'allègent pas la situation, car nous dit-on, elles ne sont utilisées qu'à hauteur de 20%. Quoi qu'il en soit, les titulaires de compte CCP réclament leur argent. Ils préfèrent garder leurs sous chez eux bien au chaud et à portée de main que de quémander pour en avoir juste la moitié… et encore.