Farid Cherbal, universitaire chercheur généticien, est un enfant de Bougaâ, un pur produit de la Réforme de l'enseignement supérieur initiée en 1971 et qui, à travers son principe de démocratisation, a ouvert les portes de l'université algérienne aux «filles et fils du peuple», comme aiment à le répéter beaucoup de diplômés de sa génération. Le parcours de ce sympathique et brillant quinquagénaire féru de littérature, de cinéma et dont les connaissances musicales peuvent agréablement surprendre chez un chercheur que l'on imagine penché sur son microscope dix heures par jour dans un labo parfaitement aseptisé et ne trouvant même pas le temps de se sustenter.Les lecteurs d'El Watan en jugeront par eux-mêmes, à travers cet agréable travelling du parcours scientifique et plein d'anecdotes et de références culturelles de ce fils de Hammam Guergour. Parcours initiatique s'il en est, et qui débute au milieu des années 1970 à l'université des sciences et des technologies de Bab Ezzouar jusque sur les côtes de San Diego en Californie, où devant un parterre de sommités et de «grosses pointures» de la recherche sur le cancer, à travers le monde, réunis à l'occasion du 98e congrès de l'Association américaine pour la recherche sur le cancer (AACR), où il devait donné les premiers résultats de ses recherches, en compagnie d'une équipe d'universitaires algériens sur le gène BRCA 1, sur le cancer héréditaire du sein et de l'ovaire chez des familles algériennes. Depuis, Farid est invité à chaque congrès de l'AACR pour communiquer l'état d'avancement de ses recherches qui contribueront à mieux cerner l'apparition et le développement de cette forme de cancer et, pourquoi pas, pour mieux le soigner. Il est vrai, aujourd'hui, que la thérapie génique promet de merveilleux résultats dans le traitement de maladies que l'on croyait, pendant longtemps, incurables. De tels résultats ont été rendus possibles grâce à des rencontres sans doute décisives, qu'a eu Cherbal avec d'éminents chercheurs du monde. Ce qui lui a permis de pouvoir poursuivre ses travaux dans des laboratoires et des instituts en France et Suisse. C'est avec une certaine humilité que Farid raconte toutes ses expériences avec une profonde reconnaissance à toutes les familles de cette région de Kabylie, qui ont été l'objet des recherches sur le cancer héréditaire du sein et de l'ovaire. Dans ce court récit mené et déroulé comme un film de John Cassavetes, le chercheur fait part de ses émotions, de ses inquiétudes et de ses espoirs, bref des sentiments qu'éprouve tout chercheur scientifique, comme l'ont fait d'autres avant lui, plus célèbres, comme Louis Pasteur ou Claude Bernard… Mais somme toute, Farid Cherbal est profondément humain, même lorsqu'il promène sa petite nièce de dix mois à peine, il ne peut s'empêcher de s'émerveiller de la couleur bleue des yeux de la petite Widad et de la blondeur de ses cheveux, héritage de son arrière-grand-mère paternelle.