L'importation de l'aliment de bétail (soja et maïs) sera toujours soumise aux droits de douane et de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), selon Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. Les propos du ministre se voulaient comme une réponse aux doléances des aviculteurs qui demandaient l'exonération fiscale pour l'aliment du bétail importé. «Ils m'ont demandé de lever la TVA et les droits de douane sur le maïs et le soja. J'ai dit non !», a affirmé hier Rachid Benaïssa lors de son intervention à une réunion consacrée à l'évaluation trimestrielle des contrats de performance, organisée au siège du ministère à Alger. En 2008, le gouvernement avait déjà supprimé, pour une année, la TVA et les droits de douane sur l'importation des matières premières destinées à líalimentation de volaille, «sans résultat sur le prix du poulet sur le marché local», dira-t-il, invitant les aviculteurs à discuter des problèmes de la filière au sein du comité interprofessionnel, mis en place au niveau de son département. Contacté, Mokrane Mezouane, président de l'Association des éleveurs de volaille, souligne que le maintien de la TVA pénalise à la fois l'éleveur et le consommateur. Notre interlocuteur a qualifié de «fallacieux» l'argument du ministre, selon lequel, la suppression de la TVA pour une année n'a pas été accompagnée de la baisse des prix du poulet sur le marché algérien. «Je rappelle que la suppression de la TVA pour une année avait profité aux importateurs. L'éleveur l'a payée», souligne M. Mezouane. D'après lui, le maintien de la TVA va gonfler davantage le rang des éleveurs recourant au marché informel pour écouler leurs produits. «Les éleveurs assujettis à la TVA ne vendent pas leurs produits aux abattoirs agréés ultramodernes. Ils vont directement vers les abattoirs clandestins», estime le président de l'Association des éleveurs de volaille. Entre 60 et 70% des poulets passent par le marché parallèle en Algérie, à en croire les chiffres de l'Association nationale de la filière avicole (ANFA). Par conséquence, les abattoirs agréés par líEtat fonctionnent seulement à raison de 20% de leurs capacités de production, déplore M. Mezouane. Malgré le niet catégorique du ministre, il affirme que les aviculteurs «continueront à tarabuster les responsables» sur la situation catastrophique dans laquelle est plongée la filière avicole. Le ministre a annoncé par ailleurs que son département compte récupérer les infrastructures agricoles et para-agricoles non utilisées. D'ailleurs, le recensement a touché 22 wilayas du pays. «L'appel s'adresse à ceux qui ont acquis des coopératives, des unités de transformation, des étables pour qu'ils les fassent fonctionner. Si certains ont des difficultés, ils doivent les exposer pour qu'ils soient accompagnés dans le cadre des dispositifs réglementaires», a indiqué M. Benaïssa. Pour ceux «qui ne veulent rien faire et ne veulent pas régler leurs problèmes», il menace d'«appliquer les dispositions réglementaires en cours».