La filière avicole vit depuis trois ans déjà une crise profonde qui risque de mettre la profession en péril. Contactés par nos soins, les aviculteurs évoquent de multiples contraintes qui freinent l'élevage des volailles. Il s'agit, entre autres, des taxes excessives à payer et de la volatilité des cours des céréales indispensables à l'alimentation. Dans le détail, les aviculteurs expliquent que la forte dépendance de la filière du marché extérieur des importations à l'ordre de 90% de l'aliment avicole influe sur les prix des produits avicoles, qui ont enregistré une forte hausse depuis la fin 2008. En bref, l'Association nationale de la filière avicole (ANFA) affiche son inquiétude et appelle les pouvoirs publics à prendre les mesures nécessaires pour sauver la filière, qui "accuse une grande fragilité". Les pertes de production ont, d'ailleurs, atteint les 40%. Selon M. Mezouane, président de l'ANFA, "pour sauver la filière, elle doit être prise en charge par le gouvernement comme cela a été le cas pour les autres filières", en commençant par mettre à niveau les outils de production, notamment les bâtiments d'élevage et aussi de mettre à la disposition des aviculteurs des aliments de meilleure qualité. Dans le cadre du programme quinquennal mis en place, le gouvernement a manifesté sa volonté à venir en aide à cette filiale en introduisant des mesures d'allègement fiscal de la TVA de l'ordre de 17% sur les transactions de l'aliment bétail. Un allègement jugé insuffisant pour les aviculteurs, qui affirment en plus qu'il n'est pas appliqué par les producteurs d'aliments du bétail privés qui continuent à facturer l'ancienne taxe sur la valeur ajoutée à hauteur de 17%. Il y a lieu de rappeler, dans ce cadre, que l'Office national de l'aliment du bétail ne couvre que 20% des besoins du marché national, évalués à 8 millions de tonnes/an, soit 1,6 million de tonnes seulement, alors que 80% sont assurés par des intervenants privés. Cet allégement fiscal de la TVA sur les transactions de l'aliment du bétail vient renforcer les dispositions prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2008 concernant la baisse de la TVA sur les prix des engrais, des produits phytosanitaires et des intrants pour la fabrication de l'aliment du bétail ainsi que ceux des loyers relatifs au matériel agricole fabriqué localement. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa après avoir entendu les doléances des acteurs de la filière, a annoncé lors d'une récente conférence organisée en marge du Salon international de l'élevage et du machinisme avicole l'engagement des pouvoirs publics concernant les soutiens financiers directs ou indirects, et d'assurer un accompagnement pour les investisseurs, tout en exigeant que les dépenses soient rentabilisées, et ce pour augmenter la production. De même qu'il a appelé à redynamiser l'Observatoire interprofessionnel pour la filière avicole. Le président de l'ANFA, M. Mokrane Mezouane, a estimé que les causes de la perte de la productivité de 40% sont liées à l'absence de régulation et de contrôle, combinée à des infrastructures défaillantes et un manque de formation des acteurs de la filière. Contactés par nos soins, les responsables de la filière animale au niveau du ministère de l'Agriculture et du Développement rural affirment que "30% seulement de la production nationale actuelle de poulet de chair, qui varient entre 340 000 et 400 000 tonnes/an, soit 10 à 12 kilo/an/habitant, sont contrôlés au niveau des centres d'abattage". Outre les difficultés rencontrées par les aviculteurs, le marché informel demeure ainsi la bête noire qu'il faut abattre coûte que coûte.