La patron de la police, à la tête de l'institution depuis trois mois, a effectué hier sa première sortie médiatique où il a dévoilé le plan de réorganisation de ce corps de sécurité en vue de se préparer «aux défis sécuritaires actuels et futurs». Trois mois après sa nomination à la tête de la Sûreté nationale, le général-major Hamel a fait, hier, sa première conférence de presse. Elle intervient à la suite d'un large mouvement dans les rangs des chefs de sûreté de wilaya. Il a parlé des cadres compétents en quête d'une orientation du fait de la crise qu'a connue l'institution et a rassuré ceux qu'il a rappelés pour d'autres fonctions. Le patron de la police, qui a nié avoir trouvé une situation «négative», n'omet pas pourtant d'admettre une crise au sein de l'institution. Présentant le bilan de sa présence à la tête de l'institution durant ces trois mois, l'orateur mettra l'accent sur «le personnel compétent et engagé» qu'il a déclaré avoir rencontré , mais qui «était en quête d'orientation du fait de la crise qu'a vécue l'institution». Il a rassuré les chefs de sûreté de wilaya «appelés à d'autres fonctions» en leur promettant qu'ils vont constituer «un vivier pour le développement de l'institution grâce à leur expérience et leur savoir-faire dans le cadre du redéploiement organisationnel que connaîtra, dans un proche avenir, la Sûreté nationale». Ils sont 23 cadres à avoir été promus pour la première fois au rang de chefs de sûreté de wilaya, 8 ont été mutés dans d'autres wilayas et 17 ont été maintenus à leurs postes. Sur les critères qui ont prévalu aux promotions, le général-major a cité les paramètres suivants : le niveau universitaire requis, l'âge qui ne doit pas dépasser les 50 ans, pour les commissaires principaux, et les 52 ans, pour les divisionnaires, et un profil d'opérationnel n'ayant pas fait l'objet de sanctions incompatibles avec la fonction concernée. «Une commission composée de cadres supérieurs de police a été installée, afin de sélectionner parmi les commissaires principaux et les divisionnaires les candidats potentiels pouvant assumer cette fonction (…) 168 dossiers de candidatures, dont 24 pour le grade de divisionnaire, et 144 pour celui de commissaire principal, ont été examinés. Les candidats retenus ont fait l'objet d'une évaluation de leurs états de service, de leur valeur professionnelle, de leur manière habituelle de servir ainsi que leur aptitude au commandement.» Un retour vers le principe d'alternance et de mobilité Pour le général-major, ce mouvement est un retour vers «le principe de mobilité statutairement institué dans les fonctions publiques et les postes supérieurs de l'Etat». Un principe, a-t-il ajouté, qui régit la carrière des personnels de la police et le fonctionnement des services. Il vise également «l'alternance dans les postes de responsabilité pour garantir une plus grande opérationnalité des services de police par l'intégration d'une ressource humaine sans cesse renouvelée au diapason des défis sécuritaires actuels et futurs». Pour le DGSN, il n'est plus permis, d'avoir «des niveaux du cycle primaire ou du secondaire. Je tiens au rajeunissement des cadres et à leur formation universitaire». Il est question, a-t-il ajouté, de «permettre aux différents échelons hiérarchiques de disposer de commandements jeunes, possédant l'expérience nécessaire du terrain et les niveaux de formation requis préalables à l'appréhension des problématiques sécuritaires, à l'amélioration de l'encadrement des hommes et des performances individuelles et collectives et, par voie de conséquence, garantir une prestation policière de qualité». Ce mouvement, «préconisé par mes soins, validé par le ministre de l'Intérieur et décidé par le président de la République», a tenu à souligner le général-major, entre dans «le cadre de la démarche globale de la professionnalisation et de la modernisation de la police, qui s'appuie sur la mobilité de sa ressource humaine, sur la réorganisation de ses services, la révision du statut de ses fonctionnaires et l'élévation de leur niveau de formation et de qualification ainsi que sur le fonctionnement et le développement des moyens et technologies nécessaires à l'accomplissement de leurs missions». Interrogé sur les colonels auxquels il a fait appel, le général a répondu d'un ton très sévère : «Lorsque je suis venu, j'ai trouvé des cadres compétents avec lesquels j'ai travaillé. A part deux officiers de la gendarmerie, un colonel et un lieutenant-colonel, je n'ai fait appel à aucun autre gendarme.» Il a surpris l'assistance en affirmant à propos de l'absence de femmes parmi les cadres promus : «Je n'en ai trouvé aucune qui a fait l'opérationnel.» Peut-on croire que les centaines de femmes universitaires qui intègrent chaque année les rangs de la police sont reléguées aux postes administratifs ? Si c'est le cas, cela relèverait de la discrimination. Par ailleurs, à propos du statut des policiers, le général-major a estimé qu'il fait partie de ses priorités, précisant que la commission chargée de l'élaborer a pris en compte toutes les préoccupations des policiers. «Nous serons dans les délais et le contenu de ce statut sera satisfaisant pour les fonctionnaires», a-t-il estimé, ajoutant à propos du syndicat au sein de la police : «Il n'est pas à l'ordre du jour et ne constitue pas une priorité.» La question qui irrita le général-major A cause d'une question relative aux plaintes des citoyens à propos du nombre de plus en plus important de caméras de surveillance placées les carrefours, artères, rues et ruelles de la capitale, le patron de la police est sorti de ses gonds. «Je ne crois pas que le citoyen va se plaindre pour des caméras qui sont là pour sa sécurité. Le projet de ces caméras n'est même pas encore terminé. Il ne nous revient pas. Nous ne sommes que des exploitants…», a-t-il lancé. Si ce n'est pas la police qui a installé ces équipements, qui en sont alors les propriétaires ? La question n'a pas eu de réponse. Par ailleurs, abordant la question de la régularisation des parkings sauvages, le patron de la police a indiqué que la commission chargée de ce dossier n'a toujours pas finalisé son travail. Mais, à propos de la police de proximité, qu'il a présentée comme son cheval de bataille pour conquérir l'implication du citoyen dans la lutte contre la criminalité organisée, le DGSN, a souligné la nécessité de la révision de l'approche de cette police, à travers celle des sûretés urbaines qui doivent être renforcées en personnel et en moyens. Selon lui, la couverture sécuritaire est aujourd'hui assurée à 70%. A signaler que cette conférence de presse a été tenue après que le DGSN s'est entretenu avec les 48 nouveaux chefs de sûreté de wilaya, sur «le rôle qu'ils doivent remplir dans le cadre de l'exercice des missions dévolues à la Sûreté nationale». Le général-major leur a rappelé les objectifs à atteindre «en matière de protection des personnes et des biens, de prévention et de lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, et donné des directives sur la lutte sans merci et sans discontinuité contre le crime organisé et ses formes les plus dévastatrices comme le trafic de drogue, la corruption, et les atteintes graves aux personnes et aux biens». De même qu'il a insisté, lit-on dans le document qu'il a lu et remis à la presse, sur l'intensification des efforts à même de garantir l'ordre public ainsi que la prévention et le respect de la réglementation en matière de police administrative, mais également l'éradication du terrorisme, déclinée comme un objectif permanent et prioritaire des services de police, qui continuent d'enregistrer des résultats positifs contre ce phénomène…