Depuis la présentation, jeudi dernier, par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, de la déclaration de politique générale, 193 députés sont intervenus. Si les élus du RCD ont critiqué dans le fond et la forme le bilan de l'Exécutif, ceux du RND et du FLN ont valorisé, quant à eux, le bilan du gouvernement. L'élu RCD Tahar Besbes a remis complètement en cause le bilan présenté par Ouyahia. «Le Premier ministre, à travers sa déclaration de politique générale, a tenté de démontrer que tout va bien dans notre pays. Ceci est faux et ses propos vont à contresens de la réalité du terrain», a-t-il affirmé, lançant à l'adresse d'Ouyahia : «L'Algérie demeure la dernière par rapport à nos pays voisins. Le gouvernement n'a pu assurer ni logement, ni emploi, ni une amélioration du pouvoir d'achat du citoyen. Cessons de mentir au peuple.» Besbes regrette que la déclaration n'ait même pas fait allusion aux multiples scandales, à la spoliation des deniers de l'Etat, à la pauvreté, à la marginalisation et de la corruption. Besbes, à l'instar d'autres locataires de la Chambre basse, a interrogé le gouvernement sur la non-implication des syndicats autonomes dans la tripartite. «En parlant de la tripartite, vous évoquez uniquement l'UGTA. Qu'en est-il des autres organisations syndicales ? Pourquoi cette discrimination ?», demandent certains députés, qui relèvent le recul flagrant en matière de libertés individuelles et syndicales. Mme Leïla Hadj Arab, du parti de Saïd Sadi, a considéré que la déclaration de politique générale du gouvernement est «un brouillon de vieux projets avec un contenu fragile». M. Khendek, du même parti, a indiqué que la corruption n'est autre que «le résultat de la politique du clientélisme appliquée par certains responsables». En évoquant les grands axes de la nouvelle tendance économique du gouvernement, Chiheb Seddik du RND a soutenu, pour sa part, qu'il ne faut pas confondre «protectionnisme économique et politique souverainiste». Sur la défensive, l'intervenant pense, à propos de la corruption, que ce fléau ne date pas d'aujourd'hui et qu'il existe depuis bien avant les années 1980. «La démocratisation de la corruption s'est effectuée avant la démocratisation du système politique», relève-t-il, en confirmant que le grand mérite revient à l'Etat qui a cassé «tous les tabous». Toutefois, Chiheb reconnaît la faiblesse des dispositions judiciaires et demande à l'Etat de reprendre son pouvoir régalien en imposant le contrôle dans la totale transparence. Des députés du RND et du FLN ont demandé au gouvernement de donner sa position officielle par rapport à l'affaire Djezzy, comme ils ont demandé la protection des cadres compétents. Un élu du MSP a mis l'accent sur l'effervescence du front social, le phénomène de la harga et la marginalisation. S'agissant de la corruption et la fraude, celui-ci pense que la lutte contre ces fléaux doit d'abord commencer au niveau de la collectivité locale par les élus eux-mêmes. Mme Nadia Chouitem, députée du PT, revient sur le problème de la protection des travailleurs. Chiffres à l'appui, elle révèle que 50% des employés ne sont pas déclarés. Ceci, de son avis, est l'équivalent de 5 millions de travailleurs ayant des emplois précaires et ne bénéficiant pas de la sécurité sociale. Le respect du droit des travailleurs à la grève et des libertés syndicales a été, en outre, vivement recommandé par des parlementaires qui ont, par ailleurs, insisté sur la notion de transparence dans l'attribution de logements et l'octroi de projets. Les parlementaires ont révélé que «notre pays connaît actuellement une crise de confiance entre le citoyen et ses gouvernants», soulignant la nécessité de mettre à profit l'aisance financière du pays pour rétablir cette confiance et rattraper le déficit enregistré en matière de politique sociale. Notons que selon le bureau de l'APN, Ouyahia répondra aux interrogations des députés dimanche prochain.