Les observateurs auront remarqué ce nouveau ton dans le discours du Parti des travailleurs. Pour ceux qui ont douté de la longévité du pacte politique signé entre le RND et le PT à la veille des élections pour le renouvellement partiel du Sénat du mois de décembre, la Déclaration de politique générale de Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, vient de prouver le contraire. Au-delà des critiques de forme formulées par les députés de Mme Louisa Hanoune sur le bilan de l'Exécutif, l'opinion publique et les observateurs auront, à coup sûr, remarqué ce nouveau ton dans le discours du PT. Un soutien rare et presque inédit du programme économique tracé par le gouvernement, surtout en ce qui concerne le nouveau dispositif régissant l'investissement, l'aide apportée aux entreprises publiques et le blocage du processus de privatisation des entités défaillantes. Le mot d'ordre a été donné par Louisa Hanoune, jeudi, jour de la présentation du bilan du gouvernement. Pour elle, «c'est la première fois depuis deux décennies que le gouvernement défend avec ferveur les intérêts économiques du pays, se montre très attentif aux préoccupations des entreprises nationales, et les met au-dessus de tout». Cela rassure le PT et devrait rassurer tous les Algériens d'ailleurs. Mais il y a lieu de s'interroger sur cette obsession qu'a le PT de personnaliser les acquis et les réalisations et de les référer au seul engagement du Premier ministre. Après le mot d'ordre donné jeudi, par la chef de file du PT, les députés du parti ont respecté les consignes. Certes, l'on a critiqué la détérioration du pouvoir d'achat des Algériens, la création de postes d'emploi précaires, le flou dans le traitement du dossier de la corruption, la mafia des médicaments, etc. Ce qui était le cas d'ailleurs, pour les députés de Ouyahia- mais chacun des élus PT, sans exception, a commencé par saluer les efforts du gouvernement. Dans les coulisses de l'APN, cela semble déplaire aux alliés stratégiques du RND, le FLN et le MSP. Certains ont même demandé à Ouyahia de clarifier les choses: «Si le PT décide de rejoindre l'Alliance présidentielle, qu'il le fasse officiellement», note un député MSP qui rappelle que l'état-major de l'Alliance ne s'est même pas réuni pour coordonner ses positions dans les débats. Rappelons que le soutien du PT a été salutaire à la formation de Ahmed Ouyahia à l'occasion des sénatoriales. En décembre 2009, le RND a remporté quatre sièges supplémentaires par rapport au renouvellement partiel de 2006. De part et d'autre, on estime que le contenu du pacte n'est pas conjoncturel. Ses objectifs exigent, selon un cadre du RND, des sacrifices et de la persévérance. Et pour donner un tant soit peu, un contenu réel rien qu'au principe de la souveraineté nationale, il faut éliminer beaucoup de pratiques comme la corruption, la hogra, les passe-droits, l'injustice, «en fait tout ce qui gangrène la vie politique. L'argent mal acquis pollue tout». En plus, il est question dans le pacte, de la défense de la loi de finances complémentaire 2009. Les dispositions qui y sont contenues ont été reconduites dans la loi de finances 2010 et renforcées dans la dernière loi de finances complémentaire.