La salle de conférences du palais de la culture Moufdi Zakaria n'a pu contenir lundi dernier le nombreux public venu rendre hommage au moudjahid Abderrahmane Benhamida, décédé en septembre dernier. Dans sa présentation de l'homme et de son œuvre, Lamine Bechichi, qui présidait aux débats, a mis l'accent sur l'itinéraire élogieux de Si Abderrahmane : «Le militant, le révolutionnaire, l'intellectuel, l'homme de foi et de science qui a sacrifié toute sa vie au service de ce pays pour lequel, du reste, il n'a ménagé aucun effort. Nourri des valeurs ancestrales héritées de ses parents pieux et dévoués, déterminé face à l'ennemi, le défunt, grâce à sa foi inébranlable, a su surmonter tous les obstacles dressés devant lui. Après l'indépendance, il s'est consacré, avec beaucoup d'engagement, à un autre djihad, celui de la construction du pays, en présidant aux destinées d'une importante entreprise publique.» Benhamida, universitaire medersien, a été un des acteurs les plus en vue de la grève du 8 Mai 1956. A la Zone autonome, il a été responsable politique «qui s'est distingué par sa clairvoyance, sa sagesse et sa hauteur de vue», comme l'a qualifié Yacef Saâdi dans son intervention qu'il a étayée par des faits dont Si Abderrahmane a été l'auteur dans la tourmente de la guerre : «Lorsque Djamila Bouhired a été blessée, arrêtée et transférée à l'hôpital Maillot, Si Abderrahmane est venu nous voir pour nous proposer un plan afin de la faire évader. La mission paraissait impossible, mais je ne sais comment le regretté s'est employé pour amener un adjudant de service à l'hôpital à adhérer à notre cause en l'impliquant dans cette action. Même si la tentative a échoué, cela démontre les facultés de persuasion et d'engagement de Si Abderrahmane qui va toujours au bout de ses projets.» Par ailleurs, et alors que nous étions en panne de munitions et notamment de «plastic», l'idée de le ramener de Tunisie enfoui dans du poisson s'est imposée ; on a contacté un gars qui avait un chalutier et qui devait concrétiser l'opération. Ce qu'il fit. Mais pris de peur à l'arrivée, il se rétracta en jetant tout le poisson à la mer. Jugé, la sentence n'a pas tardé. Il était condamné à mort par le Nidham. Homme d'une grande piété et d'une sagesse exemplaire, Si Abderrahmane, se référant à des versets du Saint Coran, s'y opposa, et nous étions obligés de le suivre. Le condamné sauva ainsi sa tête grâce à Si Abderrahmane. En raison des contraintes du temps, Yacef ne s'est pas arrêté là. Cédant la parole à Cheïkh Bouamrane, président du Haut conseil islamique qui mit en relief les mérites de Benhamida retraçant sa carrière post-indépendance, notamment lors de son passage au ministère de l'Education au lendemain de l'indépendance. D'autres intervenants, à l'instar de Chikhi, Fettal, Aït Belkacem Mourad, président de l'Association des anciens medersiens, se sont succédé à la tribune pour retracer le parcours du regretté. A noter que de nombreuses personnalités étaient présentes, dont M. Hamouche, Lamine Khan, Fettal, Zergaoui, Bestandji, Sid Ali Abdelhamid, Lakhdar Bouregaâ… A noter que Abderrahmane Benhamida, né en 1931 à Dellys, est décédé le 5 septembre dernier à Alger. Engagé dans la révolution en 1955, Abderrahmane Benhamida a été responsable politique dans la Zone autonome. Arrêté en 1957, condamné à mort, il a bénéficié des mesures de grâce. Au lendemain de l'indépendance, il a été nommé ministre de l'Education nationale, puis directeur général de la SNMC.