Le Premier ministre espagnol José Luiz Rodriguez Zapatero n'a pas tari d'éloges sur l'état des relations entre son pays et l'Algérie. Dans un long entretien qu'il a accordé à la revue trimestrielle Afkar/Ideas, qui traite du dialogue entre le Maghreb, l'Espagne et l'Europe, M. Zapatero a estimé que ces relations « traversent une excellente période et que d'importantes visites de haut niveau se produisent dans un sens comme dans l'autre ». Le Premier ministre du royaume d'Espagne, qui relève une « intensification du dialogue politique » entre les deux pays, note que la coopération bilatérale s'est renforcée dans des domaines aussi variés que « la sécurité, la justice, l'immigration irrégulière et, bien entendu, dans le secteur économique ». Sur ce dernier point précisément, José Luiz Zapatero s'est fait fort d'évoquer le projet Medgaz consistant en la construction d'un gazoduc trans-méditerranéen qui devrait relier Béni Saf et Almeria. Un projet qui, aux yeux du Premier ministre espagnol, dénote « en évidence l'intérêt stratégique de l'Espagne pour le secteur des hydrocarbures en Algérie ». Mais pas seulement. Zapatero semble ne pas vouloir rater l'opportunité des transformations économiques en Algérie pour y intensifier la présence des entreprises de son pays. « Il existe également une grande volonté de diversification de la présence de nos entreprises à partir du processus de privatisation mis en marche par le président Abdelaziz Bouteflika... », a-t-il en effet déclaré. Et d'ajouter : « En général, c'est tout le programme de modernisation économique lancé par l'Algérie » qui intéresse son gouvernement. Ceci au plan économique. Concernant la politique espagnole vis-à-vis du Maghreb, Luiz Zapatero a évoqué l'inévitable question du Sahara-Occidental qui empoisonne les relations entre l'Algérie et le Maroc. Il note d'abord que, au plan bilatéral, son pays entretient des relations « excellentes » avec les deux pays. « Pour ce qui nous concerne, il s'agit de deux pays amis et stratégiques, c'est pourquoi nous serons un partenaire fiable et proche », précise-t-il. Comment donc l'Espagne compte-elle s'y prendre pour réussir un rapprochement entre le Maroc et l'Algérie ? « Je crois qu'aussi bien l'Algérie que le Maroc comprennent que l'intensification de leurs contacts est bonne pour la paix. » UN PLAIDOYER POUR LE MAGHREB Zapatero croit déceler des signes d'apaisement en faisant référence à la visite de Mohammed VI à Alger à l'occasion du Sommet arabe, mais aussi à la suppression mutuelle des visas qui laisse espérer, d'après lui, « une prochaine (ré)ouverture des frontières ». En l'occurrence, le Premier ministre espagnol reconnaît que le dossier du Sahara-Occidental constitue « un obstacle à l'intégration du Maghreb et prolonge la souffrance du peuple sahraoui ». Tout en estimant que son pays ne possède pas « de formule magique » pour résoudre ce problème qui dure depuis 30 ans, M. Zapatero pense que son pays peut influencer positivement les parties en conflit, mais aussi... l'Algérie. « Nous sommes conscients que nous pouvons exercer une certaine influence compte tenu de nos relations privilégiées avec les parties, le Maroc et le Front Polisario, mais aussi avec les autres pays concernés, surtout l'Algérie. » Pour ce faire, il affirme que son gouvernement est engagé à « œuvrer avec dynamisme en faveur d'une solution politique consensuelle, juste, définitive et respectueuse de la légalité internationale ». Et en faisant référence à la légalité internationale, le Premier ministre espagnol confirme son attachement au plan onusien de règlement de ce conflit catalogué officiellement au chapitre de la décolonisation.