Une note de la direction régionale du commerce interdit les cours de soutien en dehors des établissements scolaires. Pourtant, ces cours sont considérés, par les parents, comme essentiels à la réussite de leurs enfants. Plusieurs enseignants de la ville de Bordj Bou Arréridj ont cessé de donner des cours particuliers après la visite des agents de la direction du commerce leur demandant de régulariser leur situation avant d'être sanctionnés pour exercice d'activité lucrative sans autorisation ni registre de commerce. «Nous avons décidé d'arrêter les cours supplémentaires», dira un professeur de sciences. Et d'ajouter : «Nous sommes des enseignants avant tout. On n'est pas des commerçants. Ces cours nous usent. Le gain n'est pas l'objectif principal». Notre interlocuteur précisera: «Des professeurs, dans des matières diverses, proposent des cours de soutien, afin d'augmenter les connaissances des élèves et stimuler leur potentiel lors des examens.» Pour un professeur de mathématiques, donner des cours particuliers à 4 ou 5 élèves par mois est plus lucratif et moins usant que de regrouper 15 à 20 dans une salle ou un garage aménagé à l'occasion. En effet, ce genre de cours est considéré par les parents comme essentiel à la réussite scolaire de leurs enfants, et ce qui était jusqu'à présent un luxe se démocratise; de nombreuses familles pauvres ou au revenu moyen retrouvent leurs comptes. «Au lieu de débourser 5 000 DA par mois pour 4 séances pour une seule matière, avec ces cours de soutien on peut payer 400 DA seulement mensuellement pour les 4 séances », dira Farid, un père de deux enfants en terminale. «Est-ce que ce genre d'activité nuit à l'économie nationale ?» se demande Adel, un élève de 3è AS sciences. «Est-ce qu'on a réussi à contrôler tous les commerces informels qui nuisent vraiment à l'économie nationale, tels que le commerce de voitures, le transfert des joueurs de football, la contrefaçon, les commerces dans les souks», ajoute cette lycéenne en lettres. Pour la direction du commerce, cette opération entre dans le cadre de l'application de la loi. «Nous avons reçu une note de la direction régionale de Sétif pour application et compte rendu sur les cours de soutien en dehors des établissements autorisés», dira un responsable de cette direction. Mais ce que les enseignants et les élèves suivant ces cours, ne comprennent pas, c'est pourquoi cette interdiction n'est appliquée qu'à Bordj Bou Arréridj ? «Pourquoi déstabiliser un secteur, qui est, pour une fois, calme, et veut enfin obtenir de bons résultats ?» s'interrogent beaucoup.