Contrairement à d'autres wilayas où certains magistrats ont fait l'objet de mesures disciplinaires, le changement qui a été opéré au niveau des structures judiciaires de Constantine s'inscrit plutôt dans la continuité. En effet, la récente décision du Conseil supérieur de la magistrature, présidé par le premier magistrat du pays, de procéder à des changements dans le corps des juges et des procureurs, n'a pas été suivie de mesures suspensives à Constantine, puisqu'il a été uniquement question de mutations de magistrats ou de « promotion » au sein de la Cour suprême. Ce fut notamment le cas de certains présidents de tribunaux et de magistrats de la chambre administrative mutés dans des juridictions relevant des wilayas limitrophes comme Batna, Annaba et Sétif. Cela étant, le fait saillant de ce mouvement dans la ville du Vieux-Rocher reste la confirmation à son poste du président de la cour de Constantine ainsi que le procureur général. Une décision interprétée par certains comme un signe de confiance et un signal fort à l'adresse de ces deux magistrats que certains qualifient de « volontaires et bosseurs ». Dès lors, ces deux magistrats sont appelés à se mettre au diapason et travailler de concert en traitant, à ce titre, certains dossiers jugés importants mais que la justice n'a toujours pas statué sur leur sort comme ceux de Genisider et de la SNTF. Deux dossiers lourds n'ayant toujours pas connu de suites judiciaires en dépit des investigations effectuées par les éléments de la Gendarmerie nationale et les auditions des prévenus et des témoins, achevées il y a de cela de nombreux mois. En mai 2001, le juge d'instruction près le tribunal du Khroub avait pour rappel auditionné 32 personnes, dont des cadres et de nombreux témoins, mais depuis, plus rien n'a été entrepris au niveau de la justice pour mener à terme cette affaire où il est notamment question de « détournements et de dilapidation du patrimoine de l'entreprise ». Même statu quo concernant l'affaire SNTF. En octobre 2000, le procureur de la République près le tribunal de Constantine avait auditionné, durant plusieurs jours, des accusés et des témoins cités dans cette grave affaire d'« atteinte à l'économie nationale » qui a causé un important préjudice financier à la SNTF, estimé à plus d'1 milliard de dinars. Nous citons à cet effet, l'exemple des 150 chalets de Jijel chèrement acquis auprès de l'entreprise française, Bouygues, et abandonnés par la suite.