C'est l'alerte à BNP Paribas de Annaba. Une liasse de faux billets d'une valeur de 100 000 DA en coupures de 1000 DA a été détectée la veille de l'Aïd El Adha, selon des sources policières, par le scanner de billets de la Banque d'Algérie de la wilaya de Annaba après un dépôt de fonds de la banque BNP Paribas de la même ville. «N'était un scanner de dernière génération dont la Banque d'Algérie a été dotée dernièrement, la liasse serait passée comme une lettre à la poste comme a été le cas à BNP Paribas de Annaba», soutient une source bancaire. Identifié, le client auteur du versement de cette somme en fausse monnaie a été convoqué et a déclaré être lui-même victime. Ce qui est plausible, selon les mêmes sources. Nous avons tenté de nous rapprocher du directeur général de la Banque d'Algérie de Annaba. «Le directeur général est en congé», nous a assuré un agent à l'accueil. Devant notre insistance à voir son intérimaire, nous avons essuyé une rebuffade. «Il n'est pas disponible pour vous recevoir. Il est en train de vérifier les billets !», a-t-il ajouté. Le passage par les mailles des détecteurs de la banque étrangère BNP Paribas de Annaba de 100 coupures de 1000 DA atteste de l'impuissance des banques à juguler ce nouveau fléau nourri par des vrais faux billets de dernière génération, et surtout l'obsolescence des équipements bancaires. Aussitôt les faux billets découverts, une commission issue de la direction générale de la banque victime s'est déplacée à la succursale de Annaba pour inspecter, situer les responsabilités et pallier cette défaillance. La même mission a été assignée aux services de sécurité qui, actuellement, sont sur la brèche pour tenter de défaire cet indémêlable écheveau. «Depuis un certain temps, la Banque d'Algérie de la wilaya de Annaba découvre périodiquement des faux billets issus de différentes banques, mais en petites sommes. Une liasse de 100 000 DA est importante et a mis en branle le milieu bancaire local», explique un autre banquier. D'autres reprochent à la Banque d'Algérie de n'avoir pas alerté les banques locales de la gravité de la situation. «Nous aurions redoublé de vigilance si la Banque d'Algérie nous avait alertés à temps de la présence des faux billets», soutiennent-ils. Nabil Grid, un expert en détection de faux billets spécialisé en monétique de la société SABA, nous a détaillé le problème : «Les compteuses de billets classiques type Belarue System détectent les faux billets sous les rayons de l'ultraviolet (UV). Avec un vrai papier fiduciaire, certainement issu des rouleaux volés en France en 2006 destiné pour l'Algérie, et avec une haute qualité d'impression, l'ultraviolet ne peut pas les détecter. Seuls les équipements dotés de rayons infrarouges (IR) peuvent les déceler à travers leur encre. Sous l'IR, l'encre du faux billet paraît noire sur l'écran du détecteur. Dans le cas contraire, le billet paraît blanc et les bandes métalliques de sécurité en noir.» Tout a commencé en juillet 2010, lorsque le Trésor public de Annaba a été victime d'un versement de 360 000 DA en vraies-fausses coupures de 1000 DA. Un rapport récent de la Gendarmerie nationale a fait ressortir que le trafic de faux billets concerne 11 wilayas du pays, dont Annaba. Plusieurs experts en la matière n'écartent pas la connexion entre le réseau des faux monnayeurs et les importateurs des détecteurs de faux billets obsolètes. «Ils choisissent des équipements de bas rang pour laisser fleurir leur trafic», étayent-ils.