La classe politique mauritanienne est divisée par rapport à la décision du gouvernement de déclarer la guerre à Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) à l'extérieur du pays. En effet, la Coordination de l'opposition démocratique (COD) en Mauritanie qualifie la décision de son gouvernement d'«aventure aux conséquences graves». Cette coordination, qui regroupe les principaux partis d'opposition dans le pays, reste opposée à la démarche du gouvernement et à l'implication des forces étrangères dans la lutte contre le terrorisme en Mauritanie. «Nous assistons à une déclaration de guerre contre Al Qaîda, une véritable aventure aux conséquences graves pour le pays», déclare le président de la COD, Mohamed Ould Mouloud. Selon lui, l'opposition soutient la lutte contre le terrorisme, mais elle s'oppose à toute intervention dictée de l'extérieur, en faisant allusion à la France. «Nous avons toujours soutenu la lutte contre le terrorisme menée par les Mauritaniens, mais ce qui se passe aujourd'hui procède visiblement d'une stratégie dictée de l'extérieur», dénonce-t-il. Les animateurs de la COD n'ont toujours pas digéré les interventions militaires menées, en août et en septembre derniers, par l'armée mauritanienne au nord du Mali. Une intervention faite avec l'aide «technique et logistique» de l'armée française. «Les partis de la COD sont contre la guerre par procuration, la présence militaire étrangère dans le pays et des expéditions de notre armée à l'extérieur de nos frontières», ajoute le porte-parole de l'opposition. «Nous demandons à nos amis étrangers de nous laisser gérer cette lutte contre le terrorisme suivant nos procédés et dans un cadre consensuel, non à travers leur vision qui ignore la complexité de la réalité locale», ajoute-t-il. Les membres de la COD ont, rappelons-le, boycotté la Conférence nationale sur le terrorisme et l'extrémisme organisée du 24 au 28 octobre dernier, à Nouakchott. Ce boycott leur a valu des critiques de la part du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui accuse «certaines forces politiques d'avoir donné du crédit aux thèses des terroristes, croyant que cela pouvait contribuer à leur accession au pouvoir». Hormis les membres de la COD, le reste de la classe politique en Mauritanie se dit favorable à la démarche du gouvernement. «Nous avons été attaqués et nous avons perdu deux hommes. Donc, il était normal que l'Etat mauritanien se réveille et se défende, d'abord contre ce genre d'opérations qui se répètent régulièrement. Et, en deuxième lieu, pour prévenir contre ce mal qui devient international. Toutes ces opérations militaires, tous ces débats avec les membres des groupes salafistes qui sont dans les prisons mauritaniennes répondent à une seule logique, celle de déraciner ce fléau», précise Hamdi Ould Ali, président du Parti démocrate et populaire. Ce dernier insiste, par ailleurs, sur la nécessité d'une prise en charge sociale de la jeunesse mauritanienne. Certains partis de la jeunesse, comme l'Union de la jeunesse démocratique, demandent même de mobiliser le maximum de jeunes Mauritaniens dans l'armée pour contribuer à la lutte contre le terrorisme.