C'est au Cabaret Sauvage, dans le parc de la Villette (19e arrondissement de Paris), que Djamel Allam, vieux routier de la chanson algérienne, a choisi de célébrer, dimanche dernier, ses 40 ans de carrière. Paris De notre correspondant C'est dans une ambiance festive, empreinte de nostalgie et en présence de nombreux invités de marque, tels que Khaled, Amazigh Kateb et Cheikh Sidi Bémol..., qu'un hommage a été rendu à Djamel Allam. La vie artistique de ce dernier est intimement liée à l'histoire politique de l'Algérie indépendante. Ses chansons ne sont que le reflet de ce qu'ont vécu les Algériens comme privations, misères sociales, sexuelles et culturelles depuis l'époque du président Boumediène jusqu'à nos jours. Pourtant, l'enfant de Béjaïa a toujours gardé le sourire aux lèvres. Ses albums, même s'ils renferment de nombreuses complaintes, ont toujours laissé une place prépondérante à la joie, à l'espoir et au rêve de voir un jour cette Algérie vaincre les maux qui la rongent de l'intérieur. Né à Béjaïa, Djamel Allam est parti pour la première fois en France en 1967. Plus exactement à Marseille, où il a travaillé comme machiniste dans le théâtre du Gymnase. C'est là qu'il a connu de grandes figures de la chanson française, comme Georges Brassens, Léo Ferré, mais surtout Georges. Il sortira deux années plus tard, en 1973, avec, comme titre phare, Maradyoughal (Lorsqu'il reviendra). Djamel Allam, au diapason avec la mode de l'époque avec ses cheveux longs et son pantalon pattes d'éléphant, évoque l'exil, l'immigration et les aléas de la vie. Dans Ouratsrou (Ne pleure pas), il parle de la guerre et décrit la souffrance des milliers de mères voyant leurs enfants monter au maquis sans être sûres de les revoir un jour. D'autres titres suivront plus tard, comme Jawhara (Perle). Le fils de Bougie rend un hommage appuyé à Alger, où il a passé le clair de son temps en compagnie d'autres figures artistiques et culturelles de taille, comme Issiakhem, Kateb Yacine, pour ne citer que ces deux personnages. Dans Jawhara, considérée peut-être comme l'une des plus chansons de Djamel Allam, il décrit la beauté inouïe d'Alger et déclare sa flamme à une ville qui restera, contre vents et marées, son port d'attache et son point de chute. Au Cabaret Sauvage, même si l'enfant de Gouraya a pris de la bouteille et de la maturité, ses chansons ont gardé, en revanche, toute leur jeunesse et leur vitalité, au grand bonheur des milliers de spectateurs qui sont venus l'écouter «religieusement» et l'applaudir sans retenue. Chapeau l'artiste…