A l'occasion de la célébration du 15 e anniversaire de la fondation du quotidien de gauche indépendant arabophone El Khabar, une grande réception a été organisée, jeudi soir, à l'hôtel El Aurassi d'Alger et où le prix international « Omar Ourtilane » a été décerné à la femme-courage la journaliste italienne d'Il Manifesto, Giuliana Sgrena, 57 ans, connue pour son engagement pacifiste contre les conflits belliqueux et pour son militantisme agissant à l'endroit des droits des femmes de par le monde, qui à son corps défendant avait été enlevée à Baghdad, en Irak, le 4 février 2005, durant un mois et ce, en accomplissant son acte de reporter : informer. « Je suis honorée de recevoir ce prix au nom de Omar Ourtilane d'El Khabar. Je vous remercie pour ce prix et pour ce que vous avez fait pour moi lors de ma détention en tant qu'otage et pour votre élan de solidarité. J'apprécie ce prix parce qu'il provient de l'Algérie, de ceux qui m'ont soutenue, les journalistes algériens, ceux-là mêmes qui ont payé un très lourd tribut au terrorisme. Ce qui m'a poussé à résister, c'est cette force puisée et motivée par les journalistes algériens. Vous savez, c'est difficile d'informer et de prendre le risque d'informer...” Il faut rappeler que Giuliana Sgrena avait été kidnappée au centre de Baghdad alors qu'elle se préparait à interviewer les réfugiés de Falloujah, venus s'abriter dans une mosquée en fuyant les bombardements américains sur ce bastion sunnite. Elle était apparue, le 16 février, dans une vidéo poignante, implorant notamment l'Italie de retirer ses troupes d'Irak. Sa libération, le 4 mars 2005, avait été émaillée par des tirs contre le convoi qui la conduisait à l'aéroport de Baghdad. Un blindé américain l'avait pris pour cible en s'approchant d'un barrage routier militaire. Giuliana avait été blessée à l'épaule. Le gouvernement italien avait alors demandé immédiatement des explications. Le président américain, George W. Bush, avait présenté ses regrets à l'issue de cette « bavure ». Elle venait de prouver qu'elle n'était guère une embedded (journaliste embarquée sous les auspices des forces américaines). « Les Américains m'on tiré dessus... », a-t-elle lancé à l'assistance. Sgrena Giuliana est justement l'auteure d'un récent ouvrage intitulé Le front Irak : journal d'une guerre permanente. Intervenant dans son allocution d'ouverture, le directeur de publication du journal El Khabar saluera : « Nous distinguons l'une des grandes militantes de la liberté d'expression et des peuples, elle n'est plus à présenter, et ce, pour sa solidarité dans les moments les plus durs, elle n'est autre que la journaliste italienne au courage exemplaire... » Et d'ajouter en substance : « Je rends hommage aux journalistes de la presse indépendante au nom de Omar Ourtilane tombé aux côtés d'un grand nombre de ses confrères victimes du terrorisme... » Le journal El Khabar tire à 500 000 exemplaires par jour et envisage les 700 000 à moyen terme. La soirée a été animée par le sémillant et jovial animateur TV Djellel et ainsi que par le chanteur d'expression kabyle Djamel Allam se produisant en recording. Happy birthday !