Dans une conférence donnée à l'IDRH, Malek Alloula, est revenu sur un lieu de mémoire, le petit village d'Aïn El Berd - Oued Imbert pour la toponymie coloniale -, bourgade située au Nord de Sidi Bel Abbès, véritable sanctuaire pour Abdelkader (dramaturge) et Malek Alloula. Ce dernier rappellera que c'est dans ce village pittoresque que les deux enfants vont se forger leurs personnalités respectives, l'une entièrement extravertie, c'est, on l'aura deviné Abdelkader et sa Halqua et l'autre pleinement intravertie, ce sera Malek, le silencieux narrateur. Cette dualité que Malek Alloula soulignera d'emblée face à une assistance admirative de l'homme, de son œuvre et de sa très émouvante humilité, qui confine à l'effacement. L'écrivain était accompagné par le couple Selma Hellal et Sofiane Hadjadj des éditions Barzakh, C'est d'ailleurs Sofiane Hadjadj qui s'appliquera à pousser son auteur vers ses ultimes retranchements. Ceux qu'il n'a jamais cessé de convoquer pour produire une œuvre construite minutieusement et en toute conscience autour de l'observation de la vie à la campagne. Car chez Malek Alloula, le monde des paysans, plus particulièrement ceux de Aïn El Berd, constitue la trame de l'ensemble de son œuvre, sous toutes ses formes. L'auteur du «Cri de Tarzan dans un village oranais» est tout le contraire de l'expansif. Chez lui, ce sont ces multitudes de petits détails de la vie quotidienne qui reviennent sans cesse à la surface, ce qui fera dire à Sofiane Hadjadj que Malek est un jeune auteur. En réplique, Hadj Miliani soulignera la principale caractéristique de l'œuvre poétique de Malek Alloula, à savoir une écriture d'exigence, rigoureuse, studieuse et profonde, souvent inaccessible à un lectorat peu averti. C'est d'ailleurs pour cela que les travaux universitaires sur les textes de Malek Alloula se font rares, soulignera le chercheur. La réponse de Malek Alloula se fera courte et cinglante. Il réfutera toute appartenance à la littérature francophone. Pour lui, la langue n'est qu'un fantôme que l'on exhume pour dire les ressentis. Ici, l'intellectuel réaffirme ses distances avec la littérature du colonisé, en rappelant à chaque vers, à chaque phrase son aversion de la colonisation et des blessures infligées à tout un peuple.