Ce lundi, au Camp Nou, le monde entier fut témoin : le Barça a tout pris au Real. Les trois points, le trône de la Liga, le Clasico, la classe et le prestige. Les hommes de Guardiola ont aussi pris la citadelle Merengue, ravagé sa défense si puissante et éteint son attaque de feu. On a presque peine à le croire… Et au bout, les Catalans s'offrent le royaume du foot espagnol sous le regard hagard du Tsar Mourniho. Le Barça était fort, même très fort, mais personne n'imaginait qu'il pouvait être aussi massivement destructeur contre l'une des plus redoutables écuries d'Europe du moment. Le Barça a fait voler en éclats l'honneur d'un Réal réduit à aller chercher cinq fois le ballon dans sa cage. Messi, Xavi, Iniesta et Villa se sont offert une belle balade de santé. Ronaldo, Ozil, Ramos et Di Maria ne pouvaient qu'apprécier et envier ce spectacle qui, pour les puristes, constitue un football venu d'ailleurs. De la play-station ? Du baby-foot ? Du foot extraterrestre ? La prestation du Barça était tout cela à la fois. C'était du foot comme on l'aime, quoi ! Revenu en Catalogne pour dompter une nouvelle fois le Barça qu'il a éliminé l'année dernière avec l'Inter en demi-finale de la Ligue des champions, José Mourinho a dû mettre entre guillemets sa science infuse du foot. Mort… inho ! Une soirée bien triste pour celui qui croyait être le seul capable de stopper cette machine Blaugrana. Signe de cette brutale désillusion, c'est «Mort… inho» que José a suivi une bonne partie du match scotché à son banc, incapable sans doute d'imaginer un truc tactique qui pouvait ne serait-ce que ralentir cette furia catalane. L'image était saisissante. Le maître Mourinho a dû apprécier la belle leçon de foot que lui a administrée l'élève Guardiola ! Il a compris sa douleur. Sa petite phrase sur l'arbitrage à la fin du match paraît tellement anecdotique face à l'ampleur de la démonstration de force. Les Madrilènes, tétanisés, assistaient impuissants au jeu léché du trio Xavi-Iniesta-Messi. Ils voyaient le ballon voguer d'une jambe à l'autre à la vitesse de l'éclair sans pouvoir l'intercepter et encore moins le récupérer. Le Real était à ce point groggy. Physiquement, tactiquement et techniquement, le Barça a pris largement le dessus. Au plan des duels à distance, Messi a «éteint» Ronaldo. Sans marquer, Léo fut le Messie pour Villa qu'il a fait marquer à deux reprises. Cristiano, malgré quelques accélérations, n'a pas su et pu «survivre» à la «mort clinique» de son équipe. Messi «éteint» Ronaldo C'est toute la différence entre un joueur qui a besoin d'une équipe performante pour donner la pleine mesure de son talent (Ronaldo) et un autre qui a juste besoin d'un ballon (Messi) pour éclabousser un match de sa classe. Ultime humiliation pour les Madrilènes, le dernier but du Barça est sorti tout droit de la «Masia», son école de formation. Le centre millimétré de Bojan du côté droit a été transformé imparablement par la pépite Jeffren (90+1), envoyant ainsi le grand Real à l'enfer de la désillusion. Fraîchement désigné «Gants d'or», Casillas ne pouvait que constater les dégâts. Et des dégâts, il y en a eu, hélas, avec notamment ces «attentats» commis contre Messi (Carvalho, Pepe, Ramos) et la poussette inélégante de Ronaldo sur Guardiola. C'est d'ailleurs dans ce seul registre de l'agressivité que les Madrilènes ont été supérieurs aux Blaugrana. Avec sept cartons jaunes et un rouge, ils ont fait carton plein… ! Maigre moisson pour une équipe qui nous a habitués à mettre presque autant de buts… Et au-delà de cette défaite, certes historique, mais pas unique, ce Clasico a signé l'acte de décès du «système Mourinho» qui déchaîne les passions. José, qui a déjà travaillé là-bas, a oublié que le Barça «est plus qu'un club». Ce soir-là, Guardiola le lui a bien rappelé. Fantastico !