La wilaya étouffe sous le poids du chômage et souffre d'un énorme déficit en infrastructures. La question du développement local occupe ces derniers jours une large part dans le discours des responsables de la wilaya de Boumerdès. L'on s'aperçoit ainsi que, sur ce plan, cette région accuse en effet un déficit quasiment impossible à combler. Le nouveau wali, M. Abbès Kamel, a eu à le constater lors de ses diverses visites effectuées dans les communes de l'ouest de la wilaya. Au mois d'août dernier, le ministre de la poste et des technologies de l'information, M. Ben Hamadi, disait qu'il fallait un plan Marshal pour redresser la situation dans cette région meurtrie par le terrorisme islamiste. Ce plan, qui tarde à venir, est pourtant nécessaire non seulement pour son département, mais aussi en tout domaine dans cette wilaya. Les milliers de milliards de dinars attribués pour le développement de la région dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014 suffiraient-ils à améliorer les conditions de vie de la population ? s'interroge-t-on. Le citoyen reste sceptique en tout cas, tant les résultats des programmes précédents, lancés également à grande pompe, sont si mitigés. Le chômage n'a pas baissé, les villes de la wilaya sont toutes, sans exception aucune, dans un état de délabrement indescriptible. Plus d'une dizaine de communes attendent encore leur raccordement au réseau de transfert d'eau du barrage de Taksebt (Tizi Ouzou) et la population vit un terrible manque en la matière, alors que l'alimentation en gaz naturel n'est que d'environ 35% au moment où celle-ci dépasse les 70% dans d'autres wilayas du pays. De plus, Boumerdès est l'un des rares départements situés tout près de la capitale, Alger, à ne pas avoir une gare routière digne de ce nom sur son territoire, y compris en son au chef-lieu. Les voyageurs sont ainsi obligés de passer par des endroits sommairement aménagés pour faire office de stations et où la pluie et la boue, en l'hiver, succèdent à la chaleur et à la poussière en été. La wilaya de Boumerdès traîne et risque de traîner encore un pesant héritage du séisme du 21 mai 2003 : plus de 15 000 chalets qui se dégradent de plus en plus sur une centaine de sites, sont en train de devenir des bidonvilles. Ce sont autant de familles à reloger en moins de trois ans. Voilà un véritable défi, d'autant plus que la limite de la durée de vie de ces habitations coïncidera, dans le meilleur des cas, avec l'échéance du programme quinquennal en cours. Or, on sait qu'on n'a pas prévu un programme de logements capable de répondre à ce besoin et à d'autres qui s'expriment à travers les milliers de demandes de logements enregistrées dans les 32 communes de la wilaya. Dans un département où la population a eu la preuve des limites des pouvoirs publics en termes d'aptitude à répondre à ses besoins pressants, la tendance est plutôt au scepticisme. D'aucuns constatent déjà dans le discours de certains responsables toute une «série de tricheries dramatiques» destinées à chauffer les foules pour les prochaines échéances électorales. L'an 2012 approche à pas de géant, l'on s'attend donc encore à d'infinies promesses qui ne seront jamais concrétisées, comme de coutume. Un milliard de dollars avait été débloqué pour reconstruire la wilaya après le séisme de mai 2003. Mais jusqu'à présent, des familles attendent encore à être relogées. Aussi l'on se demande si l'on peut réaliser en trois ans ce qui n'a pas été fait durant 50 ans, ou depuis 1999 ? Pour beaucoup, c'est de l'illusion ! Le temps mis dans la réalisation des projets lancés et d'autres inscrits depuis des années, mais qui ne sont pas encore entamés, ne pousse pas à l'optimisme. Dans cette situation, les pouvoirs publics ont toujours pris l'habitude de répondre par des promesses en projets colossaux pour des revendications pourtant très terre-à-terre. Il y a quatre années, on annonçait le lancement par le groupe Cevital d'un grandiose projet de port à Cap Djinet, capable de créer des milliers d'emplois en générant pour la wilaya une consistante plus-value sur le plan économique. Jusqu'à aujourd'hui, cela n'a pas dépassé le stade d'annonce. Le dédoublement de la RN24 et la modernisation de la RN68, pompeusement annoncés, sont encore un exemple parfait pour dire que la rénovation du réseau routier tant espéré par le citoyen, ne sont pas prêts de se concrétiser dans les délais. La réhabilitation de la RN29A, un des axes les plus importants pour le développement et le désenclavement de la région, mettra 11 mois pour avancer de moins de 10 km. Le wali de Boumerdes a beau être animé d'une grande volonté en ayant une débordante énergie, il reste que le déficit dans son département est un des plus énormes, sachant qu'il hérite, malgré lui, de pas moins de 50 ans de négligence et d'abandon qui ont largement contribué à plonger la wilaya dans un cycle de violence interminable. Le ministre délégué au développement, M. Khelil Abdelkader, qui effectuait dernièrement une visite dans la wilaya de Boumerdès, a échappé, de justesse, rappelle-t-on, à un attentat terroriste à Thénia, sur la RN5. Aussi, faut-il l'avouer, le développement est subordonné à la reprise en main de la situation sécuritaire, chose, entre autres, qui ne semble pas préoccuper outre mesure le gouvernement.