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«Il est temps d'investir pour les générations futures»
François Hollande. Président du conseil général de la Corrèze
Publié dans El Watan le 06 - 12 - 2010

Quatre ans après sa visite en Algérie alors qu'il était premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande réaffirme dans la présente interview les propos qu'il nous avait tenus en juillet 2006 (El Watan du 8 juillet 2006, ndlr), à savoir que l'Algérie est un pays qui lui est très proche et, de ce fait, son souhait d'une construction entre l'Algérie et la France d'une relation durable, au-delà de la conjoncture politique et du pragmatisme.
«Nos relations doivent dépasser le pragmatisme pour se donner des objectifs au long cours», nous affirme François Hollande.
- Après la visite que vous avez effectuée en Algérie en juillet 2006, vous revenez en 2010. Dans quel but réalisez-vous ce retour ? Est-il lié à une conjoncture politique ? A un calendrier électoral (la présidentielle de 2012) ? A un attachement à l'Algérie ?
L'Algérie est un pays qui m'est proche. J'y compte beaucoup d'amis. Ma visite est d'abord fondée sur l'amitié, mais c'est aussi un témoignage de fidélité, une préparation de l'avenir. Ce voyage est l'occasion de dessiner les perspectives d'avenir dans lesquelles la coopération entre nos deux nations peut être utile à nos deux peuples. Au-delà de la conjoncture politique, je m'intéresse à l'amélioration durable de la relation entre la France et l'Algérie.
- Comment envisagez-vous l'avenir entre l'Algérie et la France ? Quel partenariat algéro-français préconisez-vous ? Quels en seraient les axes et les modalités ? Le pragmatisme vers lequel s'est orienté le président Sarkozy en privilégiant le développement des relations économiques vous apparaît-il comme étant la bonne démarche ? Vous-même avez prévu de rencontrer des chefs d'entreprises françaises ayant investi en Algérie et des entrepreneurs algériens…
Ces relations doivent se fonder sur un socle solide d'échanges économiques et commerciaux. Les positions internationales de nos deux pays, attachés à des rapports mondiaux justes et égalitaires, se rejoignent souvent.
La coopération en matière de lutte contre le terrorisme montre chaque jour son efficience. Il reste un immense champ à élargir : le territoire de la culture. Nos relations doivent dépasser le pragmatisme pour se donner des objectifs au long cours.

- Dans votre livre Devoirs de vérité (Entretiens avec Edwy Plénel, éditions Stock, 2006) vous avez pris position pour que la France présente ses excuses pour son passé colonial et ses conséquences. Comment voulez-vous concrétiser et officialiser d'une certaine façon cette forte prise de position ? Si la gauche remportait l'élection présidentielle de 2012 le ferait-elle, sachant qu'elle a sa part de responsabilité ?
J'ai toujours condamné de manière claire et ferme le passé colonial de la France et des puissances européennes. Notre pays n'a rien à redouter de porter un regard lucide et authentique sur son histoire. La patrie des droits de l'homme en sortira grandie. Beaucoup de temps a passé depuis la fin de la guerre d'Algérie. Nous allons célébrer, en 2012, le 50e anniversaire de l'Indépendance. Certaines blessures de la mémoire sont cicatrisées ; d'autres restent vives. Nos deux pays partagent un patrimoine culturel commun d'une richesse exceptionnelle. Il est temps de l'investir pour les générations futures.
Quelle réaction vous inspire la publication du livre de l'historien Benjamin Stora – qui, semble-t-il, vous accompagnera à Alger – co-écrit avec le journaliste François Malye sur François Mitterand et la guerre d'Algérie (éditions Calmann Lévy) ? François Mitterand en 1956 (ministre de l'Intérieur) et en 1957 (garde des Sceaux) qui, bien que n'étant pas encore de gauche, appartenait à un gouvernement socialiste.
Il n'appartient pas aux politiques d'écrire et encore moins de réécrire l'histoire. Ce sont les chercheurs, les historiens comme Benjamin Stora qui ont pour mission d'établir la vérité et de fournir les critères objectifs à partir desquels les jugements peuvent se former. François Mitterrand compte parmi les plus grands hommes d'Etat de son époque. Son premier acte de président de la République fut d'abolir la peine de mort.
Pour autant, il n'est pas niable que, comme garde des Sceaux dans le gouvernement de Guy Mollet, il a participé à des décisions tragiques, notamment quand il a eu à examiner la grâce de 45 Algériens. Benjamin Stora nous rappelle cet épisode douloureux, qui reste pour moi une épreuve.
- Nicolas Sarkozy, avec les récents changements dans le gouvernement Fillon, met la droite en ordre de marche pour préparer sa candidature pour 2012 en pointant la sécurité et l'immigration, en liant celle-ci à la délinquance et en éludant les problèmes du chômage, de la crise économique et sociale, de la montée des intolérances et du racisme. Quelles réponses le Parti socialiste et vous-même en particulier préconisez-vous pour régler ces problèmes auxquels est confrontée la société française ?
L'invention d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale comme le refoulement des Roms, pourtant ressortissants européens bénéficiant du droit de libre circulation dans l'espace communautaire, méritent d'être fermement condamnés. Je n'accepte pas la stigmatisation de la population immigrée comme bouc émissaire de l'échec cuisant des politiques économiques, sociales, sécuritaires du président actuel. Je regrette que l'image de la France soit ainsi ternie à l'étranger, mais je rappelle l'attachement massif de nos concitoyens aux principes et aux valeurs de la République.
- La disparition du ministère liant les questions de l'identité nationale et de l'immigration vous satisfait-elle ? Est-ce suffisant ?
Le mauvais débat sur l'identité nationale a provoqué de tels dégâts dans l'opinion publique française que le gouvernement a été contraint de battre en retraite. Le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale a été supprimé. Pour ma part, je considère que la France a aujourd'hui besoin d'un grand ministère de l'Egalité, qui travaille efficacement à la résorption de toutes les formes de discrimination.

- Pour votre visite, vous êtes accompagné d'un député européen, Kader Arif, et de Faouzi Lamdaoui, vice-président de la communauté d'agglomération d'Argenteuil-Bezons, tous deux d'origine algérienne. Qu'apportent les militants issus de la diversité au PS et à la France ? Force est de constater toutefois que la représentation des Français issus de l'immigration dans les institutions ne correspond pas à l'image réelle de la France d'aujourd'hui. Le Parti socialiste fera-t-il preuve de plus d'audace en corrigeant ce déséquilibre flagrant ?
A quand des députés socialistes issus de l'immigration à l'Assemblée nationale ?
Kader Arif et Faouzi Lamdaoui m'accompagnent parce qu'ils sont, avant tout, deux hommes politiques français de dimension nationale. La France n'a jamais été un pays communautariste. La Constitution établit l'égalité absolue de tous les citoyens. Le problème de la représentation réelle de la population française dans les institutions politiques révèle le poids de la tradition élitiste en France qui réserve les meilleures formations aux enfants issus des classes les plus aisées. Il faut y remédier en permettant l'accès de tous les enfants à une éducation d'excellence.
Mais il y a aussi dans les partis politiques une forme de favoritisme qui les conduit à puiser leurs cadres dans leurs propres réseaux au lieu de chercher à élargir et à diversifier le recrutement de nouveaux talents. Beaucoup de compétences, dans tous les milieux sociaux, peuvent être utiles au service de l'intérêt général et je suis convaincu qu'il faut aller les chercher dans les couches nouvelles issues de l'immigration et de la diversité.
- Au sein du PS, plusieurs personnalités sont candidates – déclarées ou pas encore – à la candidature à la présidentielle de 2012, dont vous-même. Est-ce la manifestation d'ambitions personnelles ou le signe de clivages dans votre parti ? N'est-ce pas préjudiciable à l'unité du PS ?
Le PS est un parti démocratique. La confrontation des propositions l'enrichit. L'émulation des personnalités le stimule. Des primaires sont programmées pour désigner son candidat ou sa candidate à la prochaine élection présidentielle. Le calendrier prévu pour ces primaires arrange les uns, disconvient aux autres. Il est encore susceptible de modifications selon l'évolution de la situation et l'exigence d'efficacité. Un fois le candidat désigné, chacun se mobilisera pour assurer la victoire de la gauche à cette échéance décisive pour l'avenir de la France.


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