Le projet de loi portant organisation de la profession d'avocat, qui a été approuvé dimanche en Conseil des ministres, ne semble pas apporter de «nouveautés révolutionnaires». C'est du moins ce qu'en pensent certains des principaux concernés. «Il n'y a franchement pas grand-chose d'inédit. Seulement, pour quelques points du moins, leur application fait défaut», estime maître Amara Mohcène, avocat à la cour. Ainsi, le projet de loi énonce «l'inviolabilité du cabinet d'avocat» ou encore «la qualification de l'outrage à avocat» dans ses fonctions d'outrage à magistrat. «Ces énoncés ont toujours été incarnés dans la loi interne», s'étonne quant à lui un jeune avocat, qui a prêté serment en 2006. De même, il est stipulé dans le communiqué, rendu public à l'issue du Conseil des ministres, qu'il serait désormais question «d'exonérer l'avocat de toute poursuite pour des faits et des déclarations dans le cadre de sa plaidoirie». «Cela existait déjà, mais on avait peut-être tendance à l'oublier, ce qui a créé un malaise au sein de la corporation ainsi qu'une vague de contestation. Cela doit être une sorte de rappel à la chancellerie. Et c'est une bonne chose que de remettre les pendules à l'heure !» affirme Me Amara. D'autant plus que cette liberté «permettra aux avocats de défendre au mieux le justiciable», plaide un avocat. Mais s'il est un point qui divise la corporation, c'est la délivrance du certificat d'aptitude à la profession par une école nationale spécialisée, dont l'accès se fera sur concours. «Ce n'est rien moins qu'un blocage ! C'est un métier libéral, et c'est le terrain et les citoyens qui font la sélection, pas l'école ou une administration», s'insurge Me Amara. «Ce ne sont pas tant les études en elles-mêmes qui font d'un étudiant un bon avocat, mais ce sont les aptitudes ainsi que les stages qui font de lui quelqu'un de rompu à la pratique du métier», ajoute-t-il. De même pour les conditions d'ancienneté qui seront exigées afin de plaider devant les cours et juridictions administratives et près la Cour suprême et le Conseil d'Etat. «Cela va paralyser les plus jeunes et les plus anciens avocats sur la place d'Alger seront privilégiés», s'inquiètent les robes noires.