Les milliards de dinars engloutis pour protéger la capitale des Aurès située dans une cuvette et entourée de massifs montagneux n'ont pu venir à bout des inondations qui se déversent en de véritables torrents sur la ville, à la moindre pluie. Fatalité ou inconséquence des hommes, le « naufrage » de Batna est vécu par les 400 000 âmes comme une menace permanente. Etendue sur environ 40 km2, Batna est à une altitude de 1000 m au-dessus du niveau de la mer. Le relief de la ville, plat, est défiguré par deux grands oueds, éternellement envahis par des détritus de toutes sortes. Les eaux stagnantes, aux odeurs nauséabondes, servent de viviers de prolifération même en hiver aux moustiques. L'APC, pour cacher l'image hideuse des lits, a placardé sur les rampes des ponts, des panneaux métalliques, hauts de 2 m. L'affichage sauvage sur ces panneaux n'a fait qu'accentuer l'atmosphère angoissante le long de ces oueds s'alignant, à même les cuves non régularisées (au béton ou la pierre) des habitations privées à l'état avancé de vétusté qui sont autant de transits pour arracher un logement OPGI à l'époque des vaches grasses. L'urbanisation sauvage et incontrôlée a vu l'émergence de quartiers périphériques tels Route de Lambèse, Tamechit, Douar Diss, évitement Poids lourds, Douar El Aâtch (de la soif), douar El Hommas (en référence à la culture des pois-chiche du temps de la colonisation). Toutes ces cités qui pataugent dans la gadoue sont dépourvues des réseaux de voiries pour « avaler » les eaux pluviales. Ainsi, les pentes aidant, les eaux de pluies battantes ou de ruissellement déferlent sur la ville. Les oueds cités plus haut se déchaînent. Des crues d'intensité élevée charrient des animaux, des troncs d'arbres, des pierres et autres. Conscientes mais impuissantes, les autorités de de ville ne trouvent toujours pas la solution au problème. Il faut souligner que l'ancienne ville, pourvue d'avaloirs dès sa création en 1847, est régulièrement entretenue par la municipalité. Mais Batna, ce n'est pas les allées Ben Boulaïd, siège de la wilaya, faut-il rappeler aux élus. Dans les années 1980, un long canal bétonné ceinturera la ville limitant même son expansion. Le laxisme ambiant encouragera les constructeurs illicites même dans la zone déclarée interdite à la construction. Ce canal long de plus de 5 km avec ses affluents n'a pas réduit le déferlement des eaux indesirées et s'est envasé de boue. Les catastrophes successives des inondations où il y a eu parfois mort d'hommes ont acculé la wilaya, en 1990, d'engager sur le sectoriel, l'aménagement à l'est de la ville, sur la route de Aïn El Assafer, une galerie souterraine qui aura coûté 2,6 milliards de dinars. Large de 8 m et long de 2,5 km, ce tunnel creusé à même la roche, est, indique sa fiche technique, destiné à collecter les eaux de crues de 3 oueds (Tazoult, Bougdane et Azeb), cumulant 361 m3/s pour les rejeter dans Oued Gourzi. Après une attente de 12 ans, durée de réalisation par Cosider, cette galerie n'a été réceptionnée qu'en 2003, à la visite du président Bouteflika. Lors d'une visite du site par le nouveau wali de Batna, le maire sollicita du chef de l'exécutif d'intervenir auprès de l'Office national de l'assainissement à Alger pour le dragage du canal, envasé par les crues. Au demeurant, les riverains vivent toujours dans l'angoisse des inondations et leur corollaire, la dévastation. Interrogé sur la solution idoine, Saouli Djamel, directeur de l'hydraulique de Batna, explique : « C'est toute une stratégie pour lutter contre l'inondation : captage des eaux en amont par retenue collinaire, travaux forestiers tels le reboisement, les corrections torrentielles, les avaloirs et les réseaux dans la voiries urbaine, l'entretien permanent des ouvrages bétonnés... » t tout à fait vrai que ce n'était qu'un coup d'épée dans l'eau.