Les laiteries privées et publiques ont jusqu'au 12 décembre 2010 pour retirer le cahier des charges, mis en place par le ministère de l'Agriculture dans l'espoir de réorganiser la filière lait, sujette à une crise aiguë. Le nouveau dispositif suscite déjà le mécontentement des transformateurs privés. «Le cahier des charges risque de mettre en faillite pas mal de laiteries. On est favorable au cahier des charges pour organiser la filière. Mais faudrait-il encore que les laiteries arrivent à le remplir», estime Abdelwahab Ziani, responsable de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (CIPA), joint hier par téléphone. Les laiteries privées stigmatisent la démarche unilatérale du ministère de l'Agriculture dans l'élaboration du nouveau dispositif. «Nous n'avons pas eu de concertation. Le cahier des charges a été envoyé pour signature», déplore notre interlocuteur. M. Ziani trouve incongru de conditionner l'apprivoisement en poudre de lait en fonction des quantités de lait cru collectées. «Il y a des régions où il n'y a aucun litre de lait cru à collecter. Comment les laiteries vont-elles procéder ? Vont-elles mettre la clé sous le paillasson ?», s'interroge–t-il. Réunis mardi dernier, les membres du bureau exécutif de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, de l'agriculture et des pêches, affilée à la CIPA, et l'ensemble des transformateurs privés, ont décidé de convoquer une rencontre avec le ministre du secteur, Rachid Benaïssa pour lui soumettre une somme de propositions. «Nous proposons de revoir les conditions d'éligibilité des laiteries (…) d'alimenter celles qui existent, d'améliorer leur système de collecte de lait cru, de travailler les zoning. Il y a des quantités de poudre de lait qui doivent être fixées selon la démographie de chaque wilaya», recommande M. Ziani. Les laiteries privées exigent également que la date de retrait du cahier des charges soit repoussée de 6 mois de «façon à nous laisser le temps de nous familiariser avec les articles contenus dans le cahier des charges», dira-t-il. Le nouveau dispositif, qui concerne la production et la distribution de lait dit LPC, vendu au consommateur au prix administré de 25 DA le litre, entrera en vigueur le mois de janvier 2011. Au département de l'Agriculture, la priorité sera accordée aux laiteries participant au développement de l'effort d'intégration du lait cru. A partir de janvier prochain, toute laiterie qui intègre du lait cru à hauteur de 100% des quantités traitées dans son usine pour la production de LPC, verra sa prime d'intégration passer à 7,5 DA par litre au lieu de 5 DA. En revanche, les opérateurs qui intègrent du lait cru à raison de plus de 50% des quantités traitées dans leurs unités laitières, leur prime d'intégration passera à 5 DA par litre intégré dans tous types de lait de consommation, selon les conditions retenues dans le nouveau mécanisme.