Il y a quelques semaines, Nassima Touisi a publié aux éditions Ziryab un récit intitulé Une lettre à Kahina, œuvre qui traite de la toxicomanie. Elle s'apprête à publier aux mêmes éditions, au début de l'année prochaine, une pièce de théâtre pour enfants intitulée Les librepuciens qui aborde la nature avec sa faune et sa flore. Entretien avec l'écrivain, observatrice assidue de sa société. Dans votre livre Une lettre à Kahina, vous traitez du sujet de la toxicomanie. Qu'est-ce qui vous a motivé en conséquence ? J'étais un jour de passage au boulevard Victor Hugo (Alger). J'ai croisé alors en plein jour un enfant de 12 à 13 ans en train d'inhaler un solvant dans un sachet. Ce qui m'a choqué, c'etait l'indifférence des gens. Ils passaient devant lui et personne ne s'arrêtait pour l'en dissuader, lui expliquer le danger auquel il s'expose. Ainsi, m'est venue l'idée pour écrire un livre sur la toxicomanie. Je sais que cela ne changera rien en conséquence, mais il faut parler de ce problème, d'autant que les parents sont démissionnaires. On constate que c'est la fille qui subit ce fléau sachant qu'elle ne consomme pas de drogue. Pourquoi un tel constat ? Cela pourrait être une mère, mais c'est la fiancée de Adel, toxicomane, Kahina, qui voit sa vie s'envoler en éclats, se retrouve livrée aux gémonies par la société. Pourtant, elle a tenté en vain de sauver son fiancé du phénomène de la drogue pour construire ensemble leur avenir. Je n'ai pas voulu en faire de la morale. Mon objectif à travers ce livre consiste à attirer l'attention des jeunes sur le phénomène destructeur de la toxicomanie. N'est-ce pas aberrant de voir la société condamner en la circonstance la fille et non le garçon ? La fille est coupable d'aimer. Dans la famille algérienne, on est fier de voir son fils fréquenter une fille, l'avoir comme copine. Mais voir sa fille aimer un garçon relève d'une catastrophe. Notre société est asphyxiée par les interdits et les tabous. Tout est condamnable. Il faut que les parents instaurent la culture du dialogue avec leurs enfants pour pouvoir les éduquer et les orienter. Vous publierez au début de l'année prochaine Les librepuciens, une pièce pour enfants. Ainsi, vous passez du récit au théâtre. Est-ce que cela relève d'un choix ou de la spontanéité, d'autant que ces genres sont différents ? La pièce traite de la nature et de l'environnement. Le théâtre est en partie un jeu. Et à travers le jeu, on peut attirer l'attention des enfants sur différents sujets, à l'exemple de la nature, les intéresser à ce sujet. Aussi, comme je suis enseignante, j'ai constaté que beaucoup d'enfants ne lisent pas. Par le biais du théâtre, on peut les initier à la lecture.