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«L'absence d'une volonté politique est à l'origine de l'échec des réformes éducatives» M. Mamadou Ndoye. Ancien ministre de l'Education du Sénégal et ancien secrétaire exécutif de l'ADEA
-L'Afrique avance à petits pas, selon vous quelles sont les contraintes qui empêchent le continent africain d'aller de l'avant ? Nous n'avons pas que des contraintes en Afrique, mais également des opportunités qui constituent un réservoir de développement considérable : une population jeune, des femmes dont les compétences n'ont pas été jusqu'à présent suffisamment développées, des ressources naturelles immenses et un patrimoine culturel, linguistique et spirituel que l'école n'a pas exploité au profit du développement. Nos efforts doivent être consentis dans ce sens. Toutefois, beaucoup de pays africains ont évolué en matière d'éducation, à l'image du Rwanda, de l'Ouganda. Globalement, avant 1995 il y avait une stagnation, voire une régression, dans tous les pays d'Afrique, mais après cette date, il y a eu une avancée dans le domaine de l'éducation. La scolarisation des enfants a presque atteint le seuil universel. Les réformes politiques mises en place dans certains pays ont eu des répercussions positives sur le système éducatif. Le dialogue politique et les choix stratégiques jouent un rôle important. Il y a aussi la croissance économique qui a beaucoup joué. Cette dernière était, après1995, plus élevée qu'avant et cela a permis à ces pays d'avoir des ressources leur permettant de développer et d'améliorer leurs secteurs stratégiques. -Vous avez évoqué, lors de votre intervention au lancement de la Triennale 2011, l'inefficacité interne et externe des systèmes éducatifs africains. Que faut-il faire ? Les politiques éducatives africaines doivent devenir stratégiques. L'analphabétisme, la pauvreté, les conflits, les pandémies, tous ces obstacles peuvent être surmontés par des changements éducatifs. Le centre de l'éducation doit être à l'extérieur des systèmes éducatifs et non à l'intérieur, car c'est le développement que nous visons. -A votre avis, pourquoi certains pays ont échoué dans la mise en œuvre de la réforme du système éducatif ? Cela est dû en toute vraisemblance à l'insuffisance d'une volonté politique pour l'avancement des réformes. Il y a aussi la faiblesse des capacités internes (techniques et intellectuelles), requises pour mener la réforme. Celle-ci peut également se heurter à une résistance de la part de certains acteurs, notamment les enseignants et autres… -La déperdition scolaire est un autre phénomène auquel sont confrontés bon nombre de pays. Pourquoi autant d'exclus ? Beaucoup de facteurs entrent en lice : il y a des facteurs internes à l'établissement, par exemple si l'enfant se trouve en situation d'échec, que les conditions de travail ne soient pas favorables ou si l'enseignant n'est pas compétent ou alors pas motivé, l'élève peut facilement abandonner ses cours. Pour ce qui est des facteurs externes, très souvent la pauvreté est la principale cause qui empêche l'enfant d'aller à l'école. Un enfant qui ne mange pas avant d'aller à l'école ou qui est tout le temps malade abandonne l'école. Les familles démunies utilisent souvent leurs enfants comme source de revenu… -Quels sont les changements majeurs à opérer afin de parvenir à des systèmes éducatifs stratégiques au service du développement durable ? D'abord changer le statut et le rôle de l'éducation afin qu'elle devienne un instrument politique pour le développement durable, ensuite donner une nouvelle finalité aux systèmes éducatifs en articulant leur fonctionnement et leurs objectifs à la demande de l'économie et de la société, réformer les programmes d'enseignement, édifier des systèmes éducatifs qui offrent une diversité de filières d'apprentissage afin que les compétences acquises dans les systèmes non formels, formels et informels se renforcent mutuellement.