En dépit des signes d'apaisement évidents constatés au petit matin, les agents de l'APC s'étant affairés toute la nuit à effacer les traces des incidents de la veille, et les rumeurs aidant, les commerces ont vite fait de baisser rideau par crainte d'une marche qu'on disait imminente. Entre temps, la direction de l'éducation a pris l'initiative préventive de libérer les élèves des écoles primaires. L'association des parents d'élèves, le président de l'APW et un député MSP se sont relayés, pour leur part, sur les ondes de la radio locale pour multiplier les appels aux parents sur la base du constat regrettable que, pour l'essentiel, les émeutiers étaient des adolescents à peine pubères. Comme on pouvait le craindre, les incidents reprirent aux alentours de 10h quand des collégiens mirent le feu à des pneus à Ksar El Faroudj avant de prendre possession du rond-point sis entre les quartiers de l'Oasis sud. Point chaud où les escarmouches ont continué jusqu'en fin d'après-midi. Là, les forces antiémeute se sont contentées de défendre le commissariat de police, lequel a failli être incendié par des jets de cocktails Molotov. A la même heure, les lycéens du lycée El Ghazali ont dressé une barricade avant d'être délogés par l'intervention prompte des forces antiémeute. Toujours au centre-ville, non loin de Bab Dzaïr, des adolescents ont saccagé et pillé deux commerces et essayé d'investir le domicile du propriétaire, particulièrement ciblé. Le même scénario a eu lieu au quartier Mgataâ Edhahraoui. A ce titre, il faut signaler que malgré l'arrivée de renforts en provenance de Ghardaïa et de Sidi Bel Abbès par avion, les forces de l'ordre ont fait preuve de beaucoup de retenue et se sont contentées de se cantonner à l'intérieur de certains édifices, préférant laisser jouer le dialogue. En plus des actions menées par les élus, le wali de Laghouat a pris langue avec des groupes de jeunes dont il a reçu plusieurs délégations. Les citoyens, pour leur part, ont vivement condamné les dérapages. Certains ont tenu à témoigner leur sympathie aux propriétaires des commerces pillés la veille. Dix au total dont sept situés à proximité du café Mon ami, deux à Mgataâ Edhahraoui et un kiosque multiservices situé en face des Anciennes galeries dont le propriétaire a été molesté et admis aux urgences. « Ce sont là des faits regrettables menés par des délinquants qui se sont pris de manière sélective à des commerçants non originaires de Laghouat », nous ont confié plusieurs citoyens. Selon un premier bilan, une quinzaine de blessés ont été admis aux urgences, dont la plupart sont des policiers, en plus de ceux souffrant de difficultés respiratoires. Alors que les forces de l'ordre ont libéré plusieurs jeunes interpellés en flagrant délit, préférant favoriser l'apaisement, une centaine d'entre eux, dont 15 mineurs, ont été appréhendés. Chiffres à l'appui, le wali comme le P/APW ont battu en brèche l'idée selon laquelle la colère est due à la marginalisation des quartiers sud. En effet, selon le P/APW, il est regrettable que l'on saccage les premières réalisations dont ont bénéficié lesdits quartiers. Alors que la tension persiste, le P/APC nous a déclaré que l'ensemble du personnel est mobilisé, préférant agir dans la proximité, espérant que les valeurs de citoyenneté et de civisme prévalent en dernière instance.