-Quelle est la situation du tourisme en Algérie ? La situation du tourisme en Algérie me semble peu enviable. Les différents classements périodiques des nations touristiques situent l'Algérie parmi les derniers. Même à l'échelle maghrébine, la part de l'Algérie est résiduelle. En dépit des efforts engagés et des potentialités existantes, le secteur touristique n'arrive pas à assurer sa survie par ses propres moyens. Il est incapable de générer un volume d'exportation digne d'être cité, incapable de donner de l'Algérie l'image d'une destination touristique. Mais la situation du tourisme aujourd'hui en Algérie est en progression constante, même si elle demeure modeste, caractérisée par le nombre d'entrées de touristes, le nombre de projets d'investissement nouveaux, et la perception de plus en plus favorable de l'image de l'Algérie à l'étranger. -Comment peut-on relancer la promotion de la destination Algérie dans le contexte actuel ? Jusqu'à maintenant on a toujours agi sur la forme plutôt que sur le fond. Le secteur a fait l'objet de multiples restructurations allant de choix tout aussi éloignés les uns des autres. De la gestion monopolistique de l'appareil économique à un désengagement presque total de l'Etat pour ensuite un retour, auquel on assiste actuellement vers une nouvelle reprise en main de cet appareil par les structures étatiques. Il me semble que le secteur n'a pas joui de toute la stabilité nécessaire pour une action de fond apte à lui assurer une évolution stable. Les divers rattachements éphémères du tourisme à d'autres secteurs supposés «voisins» au gré des années sont des facteurs défavorables et contraignants. Les actions de fond consisteraient à agir sur les causes. Si le tourisme demeure le maillon le moins important de l'appareil économique c'est parce qu'il est considéré comme un élément superfétatoire et parce que l'algérien, me semble-t-il a vécu pendant longtemps à l'abri des ressources pétrolières et d'un Etat protecteur subvenant à ses besoins. C'est en faisant en sorte que le tourisme devienne un maillon «utile» que le reste suivra. Notamment la promotion de la destination, la densification du parc hôtelier, le développement de l'enseignement de la recherche dans le domaine. -A combien peut-on estimer la part du tourisme dans le PIB cette année (2010) et est-il possible d'atteindre les 6,6% prévus en 2018 ? L'année passée, la part du tourisme dans le PIB a été de 1,7%. Les prévisions optimistes situent l'évolution du tourisme à environs 6 à 7% annuellement. Même si le tourisme maintient ce cap, est-ce qu'il évoluera dans une proportion plus importante que les autres secteurs pendant les prochaines années pour pouvoir représenter 6,6% du PIB à cette échéance ? Le doute est permis. -Le ministère du Tourisme vient de renoncer à la privatisation des 76 hôtels du secteur public. Cette décision sera-t-elle judicieuse pour le tourisme algérien ? Cette décision de renoncer à la vente des hôtels du secteur public relève de la souveraineté de l'Etat. La décision de privatiser date déjà de plus d'une décennie. Ces atermoiements ne serviront pas, à mon avis, le tourisme. Quoique je ne pense pas non plus qu'il faille à tout prix vendre et si les meilleures conditions d'une privatisation ne sont pas réunies. -Quelle appréciation faites-vous de la formule «location-gestion» proposée à la place de la privatisation ? Ces formules me semblent être à mi-chemin entre la privatisation et la propriété et la gestion publique des établissements hôteliers. Elles permettent de mettre à profit des compétences privées pour la gestion de biens publics. Ce sont des formules encourageantes et à encourager.