«Chaque club de football doit avoir son comité de supporteurs», préconisent les responsables de la direction de la jeunesse et des sports. Le phénomène de la violence, autrement dit le hooliganisme, gagne de plus en plus les stades dans notre pays. Les enceintes sportives sont en effet devenues, par la force des choses, de véritables arènes de défoulement. Sur la pelouse les joueurs se battent pour arracher le gain du match, pendant qu'une joute parallèle se déroule sur les gradins. La troisième mi-temps, ironise-t-on, qui n'a rien de sportif tant sa «règle» est la violence, est lancée par les supporteurs des deux camps, pour finir, dans la majorité des cas malheureusement, avec des blessés de part et d'autre. Pour convaincre plus de gens et de jeunes à lutter contre ce fléau, la direction de wilaya de la jeunesse et des sports à Bouira a misé sur la communauté estudiantine. Une rencontre d'information sur la lutte contre la violence dans les stades a été organisée, jeudi dernier, au centre universitaire Akli-Mohand-Oulhadj du chef-lieu de wilaya. Archicomble, l'amphithéâtre ayant abrité cette rencontre de sensibilisation s'est avéré insuffisant pour contenir le public juvénile massif, visiblement intéressé par le thème. Pour son animation, les organisateurs ont fait appel à des psychologues, aux services de sécurité, aux présidents des clubs sportifs locaux, aux entraîneurs, etc. qui ont tour à tour essayé de faire comprendre ce phénomène gangrenant nos terrains sportifs, de football notamment. La faute, s'il y en a, incombe à qui ? Personne n'a voulu répondre directement à la question, néanmoins, les avis divergent sur les causes du problème. Chaque intervenant y va de son analyse. Il faut avouer que les débats se sont déroulés sur un fond d'accusations mutuelles et anodines à la fois. En effet, au lieu de chercher la source du mal, plusieurs intervenants ont versé dans la recherche d'un «bouc émissaire» à qui l'on ferait porter chapeau de la responsabilité. D'aucuns pointent du doigt la presse écrite comme étant le seul responsable. Certains intervenants ont cité nommément des titres de journaux. Le doigt accusateur est allé également se pointer sur des présidents de clubs, des joueurs, les services de sécurité, les arbitres, les supporteurs, etc., pour dire que c'est quasiment tout le monde et personne. D'autres points de vue ont mis à l'évidence les conditions sociales de nombreux jeunes supporteurs, faisant admettre que la pauvreté serait, elle aussi, à l'origine de la violence dans les stades. Comme solutions auxquelles sont parvenues les intervenants, il y en a eu plusieurs points retenus. L'on a préconisé par exemple à ce que chaque club de football institue son comité de supporteurs, plaidera Mlle Hadj Aissa, DJS de Bouira, en évoquant le système de télésurveillance, qui sera, à l'avenir, selon elle, installé à travers toutes les enceintes sportives du pays. D'autres intervenants ont proposé également l'amélioration des conditions d'accueil dans les stades, comme il est question aussi de la nécessité de mettre à la disposition des supporteurs, pendant le temps qu'ils doivent passer sur les gradins, un programme de distraction et de détente, histoire «d'éteindre» toute velléité ou sentiment d'hostilité dans l'esprit de chacun en mettant en relief la «gratuité ou la portée exécrable» de tout geste hostile vis-à-vis d'un adversaire, quel que soit l'enjeu de la partie, qui n'est que sportive après tout, ainsi que des valeurs qui honorent tout geste de fair-play quel que soit le résultat d'une joute sportive. Autrement dit, pour lutter contre la violence dans les stades, il faut à tout prix conjuguer les efforts des uns et des autres dans l'éducation pour empêcher le «supporteur» de passer à son acte, «archaïque» en soi, pour reprendre un propos d'une psychologue présente au meeting. En somme, pour que les matchs de football deviennent des fêtes sportives, il faut, en plus de la sensibilisation, impliquer tous les secteurs dans cette voie qui, moralement, honore perdant et vainqueur.