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«En Algérie, l'homologation se fait sur la base des documents» Mohamed Baïri. Président de l'association des concessionnaires algériens d'automobile (AC2AA)
- Comment expliquez-vous que des véhicules neufs fassent souvent l'objet de défaillances ? Un véhicule, même sorti fraîchement de la ligne de montage, à partir du moment où il a été assemblé, il peut avoir des problèmes. C'est pour cela que le constructeur donne la garantie. Parce que même lui, maintenant c'est un assembleur, ce n'est pas lui qui fabrique la pièce. Il sous-traite avec un certain nombre de sociétés pour faire un assemblage. Il est obligé de donner la garantie parce qu'il n'a pas la certitude que la pièce est réellement conforme. Il peut y avoir des défections. C'est pour ça qu'on entend parler des campagnes de rappel pour les véhicules quand il y a des défaillances. Cela c'est pour rassurer d'autant plus la clientèle. Il peut y avoir des pépins même sur un véhicule neuf, mais le concessionnaire a l'obligation de donner la garantie. En plus, en Algérie, cet aspect est réglementé (décret exécutif n° 07-390 du 12 décembre 2007 fixant les conditions et les modalités d'exercice de l'activité de commercialisation de véhicules automobiles neufs).
- Mais on reproche à la garantie de ne pas prendre en charge toutes les défaillances et anomalies qui peuvent intervenir même sur un véhicule neuf ? Tout dépend des pièces défectueuses qui sont en cause. On parle de défection sur un véhicule neuf quant il y a un problème qui peut surgir. En revanche, en ce qui concerne les pièces de rechange, il y a ce qu'on appelle le consommable qui ne peut pas faire l'objet d'une garantie.
- On parle beaucoup de défauts de fabrication, avez-vous une idée de ce que cela représente par rapport aux véhicules neufs qui sont vendus ? Nous n'avons ni évalué ni chiffré cela, mais ça reste propre à chaque constructeur. Sur certains modèles, il y a des concessionnaires de marque qui font 10 ou 15 modèles, il peut y avoir un seul cas sur 3, 5 ou dix ans. Mais ce sont des véhicules qui seront automatiquement pris en charge.
- Le contrôle technique pour les voitures neuves est opéré deux ans après la mise en service, alors que ça devrait se faire dans un premier temps avant la mise en circulation. A quel contrôle est soumis le véhicule neuf à son arrivée aujourd'hui? Il y a d'abord des documents qui sont demandés à l'arrivée et qui attestent de sa conformité et puis il y a des périodes de garantie qui diffèrent selon le constructeur. Mais dans ce cas, le véhicule revient à l'atelier, il fait l'objet d'un chek up qui permet de détecter toutes les anomalies visibles et invisibles et le propriétaire lui-même ne manque pas d'attirer l‘attention sur ce qui ne va pas. Avant la livraison du véhicule, il y a un contrôle qui se fait obligatoirement au niveau du concessionnaire. On ne peut pas livrer un véhicule du port directement au client. Il y a une fiche navette qui est établie, le véhicule doit être déparaffiné. Il subit tous les contrôles d'usage avant d'être mis à la disposition de son propriétaire.
- On parle de pressions de la part des concessionnaires qui ont amené à la suppression du contrôle technique à l'arrivée du véhicule… Non, ce n'est absolument pas vrai. Au niveau de l'association, il n'en a jamais été question. Au contraire, pour nous, la multiplication des contrôles est bénéfique pour la sécurité des clients.
- Faire subir un contrôle technique à un véhicule neuf à son arrivée, est-ce aussi impensable que ça ?
Il faut savoir que pour effectuer un contrôle technique sur un véhicule neuf, il faut d'abord être outillé. Cela nous ramène au système d'homologation. Ici, en Algérie, on fait l'homologation sur la base des documents, mais pas de la manière qu'il faut. Il n'y a pas de laboratoire pour cela. A ma connaissance, il n'y a aucun pays où on livre le véhicule neuf et qu'il est envoyé directement au contrôle technique d'abord parce que déjà au niveau des usines, il y a un contrôle de qualité qui est effectué. Mais on ne peut pas savoir si une pièce montée neuve est défectueuse ou pas qu'après essai. C'est pour cela qu'on donne la garantie. Même si on ramène un véhicule neuf et qu'on le passe au contrôle technique, on va rien détecter d'anormal. - Pour une marque et un modèle donné, est-ce que les véhicules neufs qui sont importés en Algérie sont les mêmes qui sont commercialisées dans leur pays d'origine ? On a souvent abordé cette question par le passé, mais je peux vous assurer que ce sont les mêmes véhicules qui sont fabriqués en Europe - et j'ai visité quelques usines - qui sont commercialisés en Algérie. C'est exactement la même chose, sauf que chez nous il y a ce qu'on appelle le phénomène de tropicalisation, renforcement des suspensions, radiateurs et d'autres éléments parce que nous sommes dans un pays chaud et il faut adapter le véhicule par rapport à l'état des routes, au climat, etc. Pour le reste, c'est exactement la même chose. S'il y a des problèmes sur un véhicule et qu'il y a des campagnes de rappel, c'est aussi la même chose qui se fait chez nous. D'ailleurs, certaines marques l'ont déjà fait en Algérie. - On reproche aux concessionnaires des manquements en matière de service après-vente : indisponibilité des pièces, non fourniture d'un véhicule de remplacement en cas d'immobilisation de celui du client, malgré les exigences du cahier des charges… Il n'est pas évident d'appliquer sur le terrain tout ce qui est écrit dans les textes. Aujourd'hui, le taux de satisfaction en pièces de rechange dépasse les 90% d'une manière générale. Mais il faut savoir que pour une petite citadine par exemple, il y a 35 000 références en matière de pièces qu'il faut multiplier par le parc de référence qu'un concessionnaire doit gérer. Donc, les défections ne sont pas exclues. Pour le reste et pour le véhicule de remplacement, beaucoup de concessionnaires le font, mais il est évident qu'on ne peut pas le faire pour tout le monde. Je parle évidemment des membres de notre association. - On ne peut pas nier qu'en matière de qualité, le marché algérien laisse, quand même, rentrer un peu n'importe quoi ? Je peux vous assurer que le marché automobile algérien devient de plus en plus mature. Le client algérien aujourd'hui sait très bien ce qu'il veut et le type de véhicule qui lui faut. Le client est devenu mature, on ne peut pas le nier. On parle, certes, des véhicules chinois, mais on revient toujours à la question de la réglementation et de l'homologation. Comme je vous l'ai dit précédemment, l'homologation des véhicules est aujourd'hui faite sur la base des documents. Je pense qu'il y a lieu de revoir un peu la réglementation actuelle afin de l'élever un petit peu. Auquel cas, il y a beaucoup de concessionnaires qui seront obligés de modifier leurs véhicules ou carrément interdits d'importation.