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Le point du samedi
La problématique du vivre-ensemble
Publié dans El Watan le 19 - 11 - 2005

Dans quel type de société voulons-nous vivre ensemble ? » Dans la discussion réflexive qu'anime la pensée politique depuis deux mille ans, cette question occupe une place de choix qui traduit l'intérêt indivisément politique et éthique, normatif et procédural qu'elle véhicule.
De la « polis » à la « société ouverte », de la « Cité de Dieu » à la « solidarité de classe », de l'« ethnos » au « communautarisme », l'éventail des réponses apportées à ce problème est particulièrement riche, qui traduit la diversité des prémisses philosophiques et éthiques sur lesquelles s'appuient les différents idéaux de la vie en communauté. Le problème, en dépit de ses manifestations factuelles, n'est ni complètement nouveau ni entièrement particulier ; si son épure est spécifique, changeant d'un contexte à un autre, son contenu normatif est en revanche incontestablement universel. En effet, des vieilles nations aux plus jeunes, les exemples de dilution du lien national ne manquent pas, se traduisant, ici par des guerres civiles meurtrières, là par des demandes d'autonomie ou de séparatisme. Ce « déchirement des nations », manifeste dès la sortie des années 1980, n'est pas étranger au regain d'intérêt porté par la science politique à la question de la vie en communauté. Depuis, une discussion des plus fécondes s'est installée -essentiellement entre penseurs politiques nord-américains-, opposant selon une ligne de partage, aujourd'hui assez bien établie, les « communautariens » aux « libéraux ». Avec la crise de l'Etat-nation et l'essoufflement qui l'accompagne du modèle républicain d'intégration, ce débat commence à s'établir en Europe, avec une teneur toutefois moins intellectuelle que politicienne. Pour un pays comme l'Algérie, meurtri par une guerre intérieure sanglante et confronté à l'épreuve du rétablissement de la paix civile, la question de la définition du contenu normatif de la communauté charrie des enjeux politiques évidents que le nationalisme populiste ne peut désormais plus neutraliser sinon par des artifices idéologiques. Ces enjeux, qui redoublent d'acuité à mesure que se répandent l'intolérance et la haine de soi, tournent autour d'un problème décisoire : l'entente sur le type de société dans laquelle nous souhaitons vivre. Cette interrogation n'est pas tout à fait récente ; dans une perspective généalogique, on pourrait même la faire remonter à la polémique, en ce sens inaugurale, qui a opposé, en 1936, Ferhat Abbas à Ibn Badis, au sujet de la définition de la nation algérienne. Deux autres moments peuvent être situés dans cette généalogie : l'élaboration en 1949, par Tayeb el Watani, du document « L'Algérie libre vivra », à l'origine de la crise dite berbériste, et l'adoption en 1956, par la « Révolution algérienne », de la « Plate-forme de la Soummam » ; les deux moments ont vu s'opposer partisans de la définition arabo-musulmane de la nation algérienne aux défenseurs de la vision libérale de celle-ci. Trente ans après l'indépendance, l'édifice identitaire, hissé par un coup de force idéologique, s'est écroulé dans le bruit et la fureur d'une guerre retournée contre soi qui a vu la communauté s'entredéchirer entre frères-ennemis. Longtemps refoulée, la question resurgit de nouveau : voulons-nous vivre dans une société de citoyens (libres et égaux) ou à l'intérieur d'une communauté de croyants ? Est-ce à l'Etat ou au « forum culturel » de trancher cette question ? C'est là justement où la réflexion politique des penseurs communautariens (Charles Taylor, Michael Wsalzer, Michael Sandel, notamment) s'avère d'un grand intérêt. Contrairement aux libéraux (Ronald Dworkin et John Rawls) qui, par souci de protection de l'autonomie du citoyen, prônent la neutralité politique et éthique de l'Etat, les communautariens, eux, partant du postulat sociologique de l'enchâssement de l'individu dans la société, défendent l'idée d'une définition publique du mode de vie de la communauté. Pour Michael Sandel, cette orientation permet de faire « connaître un bien en commun que nous ne pouvons pas connaître seul ». Comme le rappelle Charles Taylor, l'autonomie morale de l'individu ne peut s'exercer que dans certains contextes sociaux. Pour cet éminent penseur politique canadien, les libéraux « font comme si les conditions d'une liberté créative [...] étaient données par la nature ». Ces derniers rétorquent cependant qu'un Etat qui intervient pour évaluer les différents modes de vie (religieux, laïques, communautaires, etc.), restreint de facto l'autonomie du sujet ; confiants dans ce que John Rawls appelle « l'usage publique de la raison », les libéraux confèrent cette tâche au forum culturel (cultural marketplace). Question mortelle : que faire lorsque, livré à lui-même, le forum culturel finit par enfanter l'intolérance, le déni de liberté et l'abolition du pluralisme culturel, sapant ainsi les piliers-mêmes sur lesquels repose le libéralisme politique ? Façonnés par deux siècles de constitutionnalisme américain, les penseurs libéraux pèchent ici par un excès d'optimisme qui peut s'avérer fatal dans d'autres (maintenir l'italique) contextes culturels.... Voilà qui nous ramène à la question nodale de départ : dans quel type de communauté politique voulons -nous vivre ? Celle où le partage des biens et des valeurs se fait spontanément ou celle où ce partage est médiatisé par des conventions entre volontés réfléchies ?

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