Bien que fui par les bouchers pour des considérations liées à l'abattage clandestin, l'abattoir de Tiaret est resté l'ombre de lui-même. Les habitants de la Cité du Frigo vivent un calvaire qui n'est pas encore prêt de se terminer depuis que les eaux usées provenant de l'abattoir commencent à déborder et à dégager de fortes odeurs nauséabondes. Notre visite, avant-hier, sur les lieux, nous a édifié sur la situation de dégradation avancée d'un équipement vieillot construit durant l'époque coloniale et qui ne dispose plus de commodités tant sur le plan de l'hygiène que sur celui du stockage. Soustrait d'une de ses parties essentielles, l'unité frigorifique, cédée dans des conditions opaques à des particuliers, l'abattoir de Tiaret, bien que fui par les bouchers pour des considérations liées à l'abattage clandestin, est resté l'ombre de lui-même. «Maladies évidentes» Cet équipement, réalisé à la sortie ouest de la ville, s'est retrouvé par la grâce du boom urbanistique ceinturé par des habitations et reste hors normes. L'activité est réduite à sa plus simple expression. Lors de notre visite, nous avons pu découvrir les carcasses de deux bovins accrochés et qui allaient être détruits car présentant des signes de «maladies évidentes». Sur des étagères de fortune, des peaux d'ovins attendent comme les déchets l'arrivée de camions de l'APC. Les signes évidents d'un gâchis restent perceptibles et le salut ne viendra qu'avec la réalisation d'un abattoir digne de ce nom hors agglomération urbaine. C'est, d'ailleurs, le vœu caressé de beaucoup de citoyens de ce quartier résidentiel. Khaled, le jeune coiffeur qui habite le coin, est sorti précipitamment pour nous confirmer tout ce que l'on a vu. Pourvu que les autorités daignent y prêter attention.