2010 s'en va ! Une année qui s'achève encore avec un bilan plutôt peu convaincant pour la Télévision nationale qui, comme les précédentes années, n'aura pas réussi à améliorer sa cote d'estime auprès des téléspectateurs en raison d'une programmation généralement médiocre, non captivante, souvent hors du temps. Annoncée comme une année porteuse de renouveau et de changement, 2010 n'a guère été à la hauteur des espérances, et selon certains spécialistes des sondages de l'audiovisuel, elle aura été même déclinante sur le plan de l'audimat avec des scores d'audience quasi insignifiants pour une chaîne qui affichait des ambitions beaucoup plus pertinentes et qui, de surcroît, ne manque ni de moyens matériels ni humains pour convoiter un crédit plus honorable. Quand on voit par exemple la toute petite chaîne privée tunisienne Nesma TV venir avec une certaine audace piétiner les plates-bandes de l'Unique, on a toutes les raisons de se montrer inquiet pour l'avenir de notre télé nationale qui éprouve les pires difficultés à forger sa personnalité et consolider sa place dans un univers télévisuel en perpétuelle évolution. C'est une lapalissade de dire que les Algériens se détournent de plus en plus de leur petit écran pour aller s'informer et se distraire ailleurs, là où on leur offre des programmes plus riches, plus divertissants, plus adaptés à leurs exigences. Avec l'ère de la transmission satellitaire, le téléspectateur algérien sait aujourd'hui distinguer la qualité de la médiocrité, et s'il déserte massivement le produit local, c'est qu'il y a de sérieux motifs qui le poussent à le faire. Personne ne peut le tromper et il n'a qu'à appuyer sur sa télécommande pour constater par lui-même la différence. Comment, en effet, résister à la tentation du zapping quand les soirées algériennes s'avèrent parmi les plus ennuyeuses de la planète. Si vous voulez vous stresser encore davantage, mettez-vous devant l'Unique, nous dit la vox populi. C'est une… parabole qui peut paraître excessive mais qui résume bien le mal endémique qui existe au niveau d'abord du secteur de l'audiovisuel algérien avec une petite lucarne qui se referme sur elle-même, voire qui se complaît dans un archaïsme indécrottable et dont le souci n'est certainement pas d'aller au-devant des goûts et des attentes de son public, au niveau ensuite du rapport de communication entre ce même public et sa télé qui devient de plus en plus exécrable et dont la dégradation touche aujourd'hui les plus inconditionnels. Face au déferlement des chaînes européennes, notamment les télés françaises en raison de la langue, qui ont toujours la cote parmi les téléspectateurs algériens, et des chaînes arabes du Moyen-Orient particulièrement qui s'implantent avec une redoutable persévérance dans le paysage télévisuel algérien, la concurrence pour l'Unique ressemble aux travaux d'Hercule. Mais il faut dire que pour arriver à se frayer son petit chemin dans cette compétition qui vise toujours la perfection, il faut d'abord se convaincre qu'on a la possibilité de le faire, et surtout qu'on a la volonté d'y parvenir. Or, force est de constater que par la nature du produit qui nous est livré chaque jour, l'Entreprise du boulevard des Martyrs, flanquée de ses clones, ne laisse apparaître aucun de ces attributs pour démentir de telles assertions. On peut même dire que depuis l'arrivée de El Eulmi à la tête de l'entreprise, les choses se sont aggravées. On se plaignait déjà du système de la gabegie installé par HHC (aujourd'hui ambassadeur) qui avait transformé la Télévision nationale en une sorte de microcosme ouvert davantage à la coterie et aux courtisans de tous bords, microcosme qui, bien évidemment, ne laissait pas de champ aux vraies compétences, on se rend compte qu'avec son successeur un tour de vis supplémentaire a été introduit pour neutraliser un peu plus le petit écran sous les qualificatifs fallacieux de rigueur et méthode. Le nouveau DG a atteint son point culminant de défaillance flagrante pendant le dernier Ramadhan où pourtant la Télévision nationale, décriée de toutes parts le long de l'année, trouve en cette période bénigne l'opportunité salutaire pour se refaire une santé et une crédibilité non démentie auprès des téléspectateurs algériens. Avec une grille d'un niveau très médiocre, c'est la limite de l'insoutenable qui a été atteint au point où on a vu le ministre de la Communication sortir de sa réserve pour, non seulement, critiquer ouvertement et publiquement le travail insipide réalisé sous la responsabilité d'El Eulmi, mais aussi, et ça c'est une première dans l'histoire de la Télévision algérienne, faire des excuses aux téléspectateurs algériens pour le programme qui leur a été servi et qui aura coûté beaucoup d'argent. Dans la lancée, le ministre, qui semble vouloir prendre en main les destinées du petit écran, a évoqué les principes de compétence et de professionnalisme qui doivent caractériser le travail de la télévision livré jusque-là aux approches les plus approximatives. Normalement, devant une remise en cause aussi dure de la part de la tutelle, le DG aurait dû rendre le tablier. Mais il reste à son poste, preuve que l'institution qu'il dirige est mise sous la coupe d'autres décideurs qui, eux, n'ont pas le souci d'une télé qui charme, mais d'une télé qui ne dérive pas sur le plan politique. Entre l'impératif de rénover l'Unique selon des critères de compétence et de professionnalisme pour la faire entrer définitivement dans l'ère du modernisme, et celui de maîtriser la communication politique dans un concept qui reste étroitement lié au système de gouvernance actuelle, le défi de Nacer Mehal pour l'année 2011 s'annonce ardu. Car, c'est tout le problème de la démocratisation du petit écran qui est posé.