L'Afrique de l'Ouest a annoncé hier qu'elle continuait de «discuter» pour résoudre la crise en Côte d'Ivoire, après avoir menacé Laurent Gbagbo d'une possible intervention militaire s'il ne cédait pas le pouvoir à Alassane Ouattara. Toutes les options, le dialogue ou la force semblaient toutefois rester sur la table puisque, selon des sources officielles, les chefs d'état-major des pays de la région étaient réunis depuis mardi à Abuja (Nigeria) pour évoquer le dossier ivoirien. Mais l'heure reste à la médiation. «Nous discutons toujours», a déclaré le chef de l'Etat nigérian, Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays). Mandatés par l'organisation régionale, les présidents béninois, Boni Yayi, sierra-léonais, Ernest Koroma, et cap-verdien, Pedro Pires étaient venus voir mardi M. Gbagbo au palais présidentiel d'Abidjan pour lui adresser un ultimatum. Les émissaires «y retourneront le 3 janvier», a annoncé M. Jonathan devant la presse, après un entretien avec MM. Koroma et Pires dans la capitale fédérale nigériane. Absent mercredi, le président béninois avait eu un échange téléphonique mardi soir avec son homologue du Nigeria, selon une source officielle à Cotonou. «Quand il y a une dispute, c'est le dialogue qui résout tous les différends, ce dialogue est en cours», a expliqué le président Jonathan. «Quand (les trois émissaires) rentreront, nous prendrons une décision», a-t-il promis. Cette poursuite des discussions apparaît comme une victoire ou au moins un répit pour M. Gbagbo : la Cédéao avait chargé les trois dirigeants de l'appeler à se retirer au profit de M. Ouattara, reconnu président à l'extérieur, et brandi la menace d'une intervention armée. Les deux rivaux «ont demandé un peu de temps pour réfléchir dans le but de trouver une solution viable» pour «la paix et la stabilité durables», avait annoncé dans la matinée la présidence cap-verdienne. Au cours des semaines de crise née de la présidentielle controversée du 28 novembre, M. Gbagbo a plaidé pour le dialogue, tout en indiquant clairement qu'il n'envisageait nullement de céder sa place à son rival, qui se voit aussi comme seul président légitime.