Alassane Ouattara a posé vendredi un ultimatum à Laurent Gbagbo en exigeant qu'il se retire du pouvoir avant minuit, heure locale, une échéance maintenant dépassée. Guillaume Soro, le premier ministre du gouvernement Ouattara, promet que Laurent Gbagbo «n'aura pas d'ennuis» s'il cède la présidence pacifiquement. «Si d'ici minuit il ne quitte pas le pouvoir, le président de la République sera au regret d'envisager d'autres mesures», a affirmé M. Soro. Ces menaces font écho à une possible intervention militaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao). Toutefois, Laurent Gbagbo a promis de ne «pas céder» aux pressions internationales ou à celles de son rival Alassane Ouattara. Il a fait cette déclaration en guise de réplique lors d'un discours de vœux à la nation diffusé sur la télévision d'Etat RTI. Il a ainsi dénoncé «une tentative de coup d'Etat menée sous la bannière de la communauté internationale». Une première mission des chefs d'Etat du Bénin, de Sierra Leone et du Cap Vert a eu lieu cette semaine en Côte d'Ivoire. Les trois émissaires doivent retourner lundi à Abidjan, mais la Sierra Leone a précisé que la rencontre avec M. Gbagbo serait la dernière. Mais si cette nouvelle tentative de dialogue échoue, «la Cedeao prendra par la force le pouvoir à Laurent Gbagbo et le donnera à Alassane Ouattara», a déclaré le porte-parole de l'armée nigériane, le colonel Mohamed Yerimah. Dumas et Vergès, nouvelles recrues L'ancien ministre Roland Dumas et l'avocat Jacques Vergès vont défendre Laurent Gbagbo, chef d'Etat ivoirien contesté et ont lors de leur visite jeudi à Abidjan dévoilé leur stratégie : feu sur la France et la «fraude». Arrivés un peu plus d'un mois après l'éclatement de la crise née de la présidentielle du 28 novembre, l'ex-ministre socialiste des Affaires étrangères et le sulfureux ténor du barreau ont été reçus pendant environ une heure et demie par M. Gbagbo au palais présidentiel. A la sortie, Jacques Vergès, 85 ans, connu pour avoir défendu l'auteur d'attentats vénézuélien Carlos ou le dictateur serbe Slobodan Milosevic, a défendu l'homme fort d'Abidjan. M. Gbagbo «est devenu un symbole» car il «représente une Afrique nouvelle, une Afrique qui ne s'incline pas», «et c'est ça qui est intolérable pour les dirigeants français», a-t-il lancé devant la presse. Roland Dumas, 88 ans, a expliqué que les deux avocats allaient «s'occuper» de la crise post-électorale. «Nous allons faire un Livre blanc et puis nous allons prendre la défense des autorités en place».