Certains élèves du collège, Ourida Meddad, situé en plein centre-ville de Ghardaïa, ne cessent de subir la terreur et les menaces d'une bande de voyous durant des mois et des mois, sans souffler mot à leurs parents. Venant fréquemment de l'extérieur de l'établissement scolaire, leurs agresseurs, âgés entre 17 et 18 ans, les guettent tantôt à la sortie de midi, tantôt à la rentrée de 14 h pour leur extorquer tous ce qui est susceptible de leur plaire. Au début de l'année, c'étaient les affaires scolaires récemment achetées, stylos, trousses, cahiers et autres accessoires intéressants, qui étaient visées. Puis, prenant goût à la chose, ils deviennent plus exigeants et réclament de l'argent tous les jours. De petites sommes, ne dépassant pas les 50 DA, puis la rançon devint plus importante, nous confie un groupe d'élèves, toutes victimes. « Ils menacent de nous esquinter si nous ne leur accordons pas ce qu'ils veulent », se plaint un élève. Kacem, le père d'une des victimes prend la parole pour nous expliquer comment il s'est rendu compte de ce qui se passait : « J'ai surpris un jour mon fils en flagrant délit de fouille de mes poches. Il me subtilisait jusqu'à 100 DA. Ce papa nous raconte aussi qu'il a eu beaucoup de mal à extraire la vérité de la bouche de son fils. Il était tellement effrayé qu'il a éclaté en sanglots, me suppliant de ne rien signaler à la direction du collège, bien que celle-ci était déjà avertie par d'autres parents. Mon fils était terrorisé en pensant surtout aux éventuelles représailles de ses agresseurs si je venais à m'en mêler. » Heureusement que les choses ont pris une tournure plus simple, puisque depuis le jour où d'autres parents ont alerté la direction de l'établissement, mon fils et ses camarades ont cessé relativement d'être des souffre-douleur. Il y a aussi le cas de B. A., qui s'est fait racketter, pendant près de deux années, par un voyou devant ce même collège. Brahim est aujourd'hui libéré de ce poids, parce qu'il a eu un jour le courage de le dénoncer. « Je me souviens, c'est le jour où un racketteur voyou m'exigea de lui apporter un billet de 500 DA, il m'a même menacé avec son couteau. » Il nous raconta comment, durant presque deux longues années, il se pliait à tous ses désirs. Le racketteur s'emparait de tout ce qu'il voulait, nous dit-il. Affaires scolaires, nourriture, vêtements, argent, etc. En plus de cette extorsion de biens, Brahim et ses camarades nous racontent aussi, comment ils étaient sommés de subir, en classe, des incorrections souvent sévères et déplacées de certains de leurs enseignants, et le comportement d'une des surveillantes de leur collège et surtout d'accepter les accusations de racket qui se produisaient entre élèves, même à l'intérieur de l'établissement, qui étaient menacés d'être dénoncés aux voyous par le biais des complices de l'intérieur de l'établissement, et se seraient ainsi frottés à leur colère. Le silence de ces victimes semble avoir trop duré et a des raisons évidentes, il y a tout d'abord la peur des représailles, puis la honte vis-à-vis d'autrui, la honte de subir cette violence physique, ces intimidations et ce chantage sans pouvoir se défendre. Un groupe de parents se seraient rendus auprès de la directrice de l'établissement Ourida Meddad, afin d'attirer son attention sur ce très grave phénomène, elle leur a répondu sèchement qu'elle était consciente du problème et qu'elle avait en vain averti la police, qui se trouve à 50 m de l'établissement, elle leur signala curieusement en outre, qu'elle était en quelque sorte dépassée du fait de son cumul de fonctions ! « Directrice du collège qu'elle dirige et son appartenance à l'Union des femmes algériennes ? » Selon le directeur de l'éducation, M. J. Messagam, interrogé à ce sujet, il nous apprend qu'une correspondance a été adressée à ce sujet au wali. Quant aux motivations de ces voyous racketteurs, il nous a affirmé qu'elles sont multiples et toutes aussi claires. La plupart de « cette race de nouveaux délinquants », nous dit-il, sont issus de milieux défavorisés et se trouvent pas conséquent confrontés eux-mêmes et à de nombreux maux sociaux (problèmes familiaux, mauvaise prise en charge parentale, pauvreté, chômage, etc.) Les devantures des établissements scolaires sont l'endroit idéal pour s'attaquer souvent aux plus jeunes et aux plus faibles qu'eux, pour s'approprier ce que parfois ils ne pourront jamais avoir. Plus grave encore, ce fléau, les agressions en particulier sont en train de se propager dangereusement vers d'autres établissements scolaires, les lycées Filali, Djabir Ibn Zeïd et Abderrahmane Ibn Rostom. Il s'étend sur une durée relativement longue, en persistant souvent jusqu'à la fin de l'année scolaire. Un enseignant dans l'un de ces collèges nous dira que devant le silence déplorable des autorités locales concernées et l'incapacité de certaines directions des lycées et collèges, particulièrement ceux dirigés par des femmes impuissantes, trop occupées et souvent absentes de leur établissement, la direction de l'éducation de la wilaya et les autorités locales ne doivent en aucun cas faire la sourde oreille devant de tels phénomènes. Elles doivent impérativement s'inquiéter et se sentir directement responsables de tous les problèmes qui pivotent à la périphérie de chaque établissement scolaire. Quant aux parents, ils doivent à leur tour être davantage à l'écoute et à la sensibilisation de leurs enfants, « lorsque leur enfant prétend perdre fréquemment ses affaires ou qu'il réclame toujours plus d'argent de poche que d'habitude, il y a lieu de vérifier et de se poser un tas de questions ».