les filles scolarisées dans ce nouveau lycée appréhendent la sortie de l'établissement en raison du danger qui les guette quotidiennement. C'est avec une sensation de rejet que les jeunes filles évoquent leur nouveau lycée à Sidi El-Bachir où il ne se passe pas un jour sans que l'on ait à enregistrer des agressions en tous genres. Un rejet justifié par des séries d'actes indignes sur des lycéennes qui refusent de subir en silence le diktat que veulent imposer de jeunes voyous oisifs et dangereux. Des bandes de voyous se pavanent, le torse bombé et l'œil méchant, devant les pauvres lycéennes qui subissent toutes sortes de violences physiques et verbales. Récemment, une jeune lycéenne a été prise à partie par un voyou qui l'a lacérée à l'aide d'une lame de rasoir. La pauvre en a eu pour son grade puisqu'elle a été blessée au niveau du cou et du dos. La scène s'est déroulée en plein jour devant des dizaines de personnes qui n'ont pas osé intervenir. Munie d'un certificat d'incapacité de travail de trois jours, la jeune lycéenne a déposé une plainte contre X au niveau de la brigade de la gendarmerie de Sidi El-Bachir où l'enquête suit toujours son cours. Mais, pour des raisons que nous ignorons, le coupable ne sera jamais arrêté et se targue même de narguer sa pauvre victime qu'il a menacée de représailles. “Nous ne pouvons plus tolérer cette situation. Nos filles ont des crampes d'estomac rien qu'à l'idée de penser à ce lycée insécurisé. Nous avons pourtant alerté les services de sécurité sur le drame que vit chaque jour la communauté des lycéennes”, affirme un père qui doit accompagner quotidiennement sa fille au lycée. “Une enseignante a été brutalisée en tentant d'empêcher un voyou d'agresser une lycéenne, et une autre a eu moins de chance car la malheureuse a eu le nez fracassé par un voyou devant la porte du lycée”, témoigne, choquée, cette mère de famille qui a déposé plainte contre X à la brigade de gendarmerie de Sidi El-Bachir. Pourtant, le siège de la brigade de la gendarmerie qui est situé à proximité du lycée devrait dissuader les velléités des voyous à attaquer les lycéennes devant tout le monde, à croire qu'un vent d'impunité protège les agresseurs. “S'il est vrai que le lycée est situé à côté de la brigade, nous ne pouvons opérer des patrouilles à longueur de journée, car nous avons d'autres chats à fouetter”, s'offusque le brigadier chef que nous avons joint par nos soins. Selon notre interlocuteur, la faute incomberait en premier lieu aux parents qui hésitent à déposer plainte contre les agresseurs, une assertion démentie par des parents des lycéennes agressées. “Nous avons adressé plusieurs lettres de réclamation aux autorités locales pour trouver une solution à ce problème. Quant à la brigade de la gendarmerie de Sidi El-Bachir, elle constate de visu le comportement des voyous qui se trouvent en permanence devant le lycée”, déplorent, traumatisés, des parents d'élèves. Depuis le transfert d'un nombre important de lycéennes de la ville vers le nouveau lycée de la bourgade de Sidi El-Bachir, c'est la croix et la bannière pour ces filles qui redoutent tous les jours les actes de violence des voyous. “Nous lançons un appel aux services compétents pour assurer notre sécurité et celle de nos enseignants, sinon nous resterons chez nous jusqu'à nouvel ordre”, ont affirmé des lycéennes au bout du rouleau. Durant le mois de ramadan, les choses empirent pour les pauvres lycéennes qui doivent doublement endurer les caprices des voyous. En effet, les lycéennes qui observent une pause de 40 minutes entre les cours restent à l'extérieur du lycée car ne pouvant retourner chez elles en si peu de temps. “Nous ne pouvons pas rentrer chez nous et revenir au lycée en un laps de temps court. Les responsables du lycée doivent nous autoriser à rester dans la cour du lycée en attendant la reprise des cours au lieu de nous mettre à la porte ; nous serons momentanément à l'abri”, se plaignent les lycéennes. Ces dernières, dès qu'elles mettent le nez dehors, subissent les injures et les obscénités des voyous qui les poursuivent pour les tabasser devant l'indifférence quasi générale. Une situation qui est devenue intenable autant pour les responsables du lycée que des lycéennes qui n'arrivent pas à se dépêtrer d'un tel guêpier. B. GHRISSI