Le MV Blida a été pris en otage samedi dernier par un commando d'une centaine de pirates somaliens à 150 miles nautiques au sud-est du port de Salalah (sultanat d'Oman), apprend-on de source proche du groupe CNAN auquel il appartient. C'était dans l'après-midi. Le navire venait de s'éloigner de la zone dite dangereuse pour se diriger vers le port de Mombasa (Kenya), selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères cité hier en soirée par l'APS. Mais les pirates semblaient l'avoir poursuivi à bord d'embarcations avant de lui donner d'assaut. L'effet de surprise et le nombre important des assaillants n'ont pas laissé de chance de réagir aux 27 membres d'équipage, dont 17 algériens, 2 officiers ukrainiens, un Jordanien, un Indonésien et une équipe de maintenance constituée de Philippins. Une cellule de crise installée Le navire, propriété de la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN), affrété pour le compte du groupe jordanien CTI, a été pris en otage. Tous des instruments de télécommunications sont hors service. Pour l'instant, aucune nouvelle du bateau n'est connue et encore moins les demandes des pirates qui, probablement, vont demander des rançons à CTI Group, en contrepartie de la libération du navire avec à son bord l'équipage et la marchandise. C'est la première fois que les pirates du golfe d'Aden, en Somalie, atteignent des distances aussi lointaines pour prendre d'assaut un navire qui se trouve presque dans les eaux territoriales du sultanat d'Oman. C'est également la première fois qu'ils prennent en otage un bateau algérien, avec un équipage en majorité algérien. Selon nos sources, toutes les autorités ont été alertées et une cellule de crise aurait été installée pour prendre les mesures nécessaires, en concertation avec le groupe jordanien CTI. Mais ni la partie algérienne ni le groupe CTI n'ont voulu s'exprimer sur l'affaire, préférant attendre les demandes des pirates. Néanmoins, des sources bien informées ont affiché de l'optimisme et écarté toute bavure ou mauvaise surprise. Pour elles, «cette zone est assez bien couverte financièrement par les sociétés d'assurance du transport maritime, vu les risques de piratage encourus dans la région. S'il y a négociations, elles se feront dans le temps, avec le fréteur du navire, c'est-à-dire le jordanien CTI, qui est propriétaire de la cargaison». C'est en fait, nous dit-on, le scénario classique des nombreux actes de piraterie qu'a connu la région et qui n'ont épargné ni les navires de plaisance ni ceux de commerce et encore moins les pétroliers. La situation est devenue tellement critique qu'elle a suscité la réaction des grandes puissances. Celles-ci ont mis en branle des bâtiments de guerre qui sillonnent le golfe d'Aden afin d'assurer la sécurité de leur flotte civile. Quelque 28 navires avec à leur bord 654 marins sont détenus à ce jour, selon un décompte établi par l'Union européenne des forces navales en Somalie (Eunavfor). L'Union a d'ailleurs pour mission l'escorte des navires marchands transportant l'aide humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) et les navires de l'Union africaine mission en Somalie (Amisom). Elle assure également la protection des bateaux vulnérables dans le golfe d'Aden et l'océan Indien, décourage et perturbe le piratage en surveillant l'activité de pêche au large des côtes de la Somalie.