Le Premier ministre avait annoncé récemment que parmi les priorités figurent la réduction et la rationalisation des dépenses publiques. Le gouvernement cherche à réduire le niveau de la dépense publique qui a atteint des niveaux importants ces dernières années. Le Trésor public connaît un sérieux déficit en raison du volume de la dépense publique de plus en plus croissante. «Le recours au Fonds de régulation des recettes (FRR) était une opération inévitable, censée combler une partie du déficit du Trésor public», affirme Abdelmalek Zoubeidi, directeur général de la prévision et des politiques au ministère des Finances. Tel est donc le résultat criant d'une politique qui consistait jusqu'ici à brûler la chandelle par les deux bouts. Le budget pour 2011 «est effectivement lourd», reconnaît le même responsable. La dépense, rassemblant le budget de fonctionnement et les montants consacrés à l'équipement, dépasse les 6000 milliards de dinars. En termes de décaissement, on compte 2000 milliards de dinars annuellement pour les seuls besoins liés à l'équipement. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques et budgétaires de l'Algérie, le Fonds monétaire international (FMI) avait mis en garde celle-ci quant à une évolution effrénée de ses dépenses. L'institution de Bretton Woods avait indiqué, à la même occasion, que le solde budgétaire de l'Algérie demeurera négatif en 2010 et risquera de connaître la même tendance pour 2011, si l'Etat maintient inchangées ses prévisions de dépenses. En Algérie, le Forum des chefs d'entreprises (FCE) n'avait pas lésiné sur les mots pour sonner lui aussi le tocsin. «Il faut bien prendre en compte que le gonflement exponentiel du budget d'équipement de l'Etat ne profite que marginalement à l'entreprise algérienne et, par voie de conséquence, ne produit que peu de résultats en termes de croissance de l'économie nationale», avait averti le FCE par la voix de son président Réda Hamiani. Faut-il rappeler dans la foulée que les dépenses en équipement public sont passées d'un volume de 453 milliards de dinars en 2002 à 2814 milliards de dinars en 2009. «Le déficit du Trésor existe e il 'est lié au contexte de l'expansion de la dépense d'équipement. Il y a quatre lignes de financements pour combler ce déficit. La politique conduite actuellement ne permet pas le recours à un drainage de crédits extérieurs. Le Fonds de régulation des recettes est une ligne qui nous permet de financer partiellement le déficit», explique le directeur général de la prévision et des politiques au ministère des Finances. Mais il se ressaisit pour dire que ce déficit dont souffre le Trésor public «ne menace pas l'équilibre budgétaire» du pays. D'après Abdelmalek Zoubeidi, les recettes stockées dans le FRR ainsi que le niveau des réserves officielles de change «permettent de conduire le programme 2011 dans des conditions soutenables». Il fait savoir sur sa lancée que les disponibilités du Fonds de régulation de recettes à fin 2010 sont estimées à 4800 milliards de dinars, soit un accroissement de 500 milliards de dinars par rapport à leur encours à fin 2009. Quant à l'encours des réserves officielles de change, un indicateur qui, d'après M. Zoubeidi, «mesure nos capacités d'importation», tourne autour de 155 milliards de dollars à la fin du mois de décembre 2010. Dans ses réponses aux députés, le Premier ministre avait annoncé récemment que parmi les priorités, voire les enjeux futurs de son Exécutif, il faut réduire et rationaliser les dépenses publiques. La déchirure mérite un pansement efficace.