Le Tunisien de 25 ans qui a commis mercredi un attentat devant l'ambassade de France à Bamako - une première dans la capitale malienne - affirme être membre d'Al Qaîda et ayant «la haine de la France». Les enquêteurs s'interrogeaient hier sur cette action mal préparée. Le ministère malien de la Sécurité avait déclaré mercredi soir qu'«un individu de nationalité étrangère» avait «fait exploser une bonbonne de gaz devant l'ambassade de France à Bamako, faisant deux blessés légers parmi les passants», vers 18h (heure locale et GMT). Un récit contredit par des témoins qui assurent que l'explosion est celle d'une grenade que l'homme avait jetée, blessant alors légèrement deux Maliens. Selon ce témoignage, le jeune homme aurait également «tiré sur le portail» avec un pistolet. La brigade anticriminelle de Bamako poursuivait hier ses investigations. Selon une source policière proche de l'enquête, l'assaillant est «un jeune homme de 25 ans, de nationalité tunisienne, du nom de Bachir Sinoun». «Il a, à titre personnel, la haine de la France», a rapporté cette source, assurant qu'il vient «d'une katiba» (camp de combattants islamistes) d'Al Qaîda au Maghreb islamique dans le Sahara, même s'il ne semble pas être un élément important de l'organisation. Le rapprochement avait aussitôt été fait avec l'attentat-suicide commis, en août 2009, par un jeune Mauritanien près de l'ambassade de France à Nouakchott, revendiqué par la branche maghrébine d'Al Qaîda. L'attentat de mercredi soir à Bamako semblait mal préparé, le jeune homme ne maîtrisant pas l'explosif apporté. Muni «d'un pistolet automatique, d'un engin explosif et d'une grenade», selon une source sécuritaire, il ne portait pas de ceintures d'explosifs. Bamako n'avait encore jamais été le théâtre d'un attentat attribué à la mouvance d'Al Qaîda. Menaces L'attaque a eu lieu à la veille de l'ouverture du Festival au désert, hier à Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako). «Nous serons à ce festival avec quelques milliers de personnes dont de très nombreux touristes pour montrer que les problèmes de sécurité sont maîtrisés dans le nord du Mali», avait auparavant affirmé le ministre malien du Tourisme, Ndiaye Bah. L'ambassade de France à Bamako n'a communiqué aucune information sur l'attentat perpétré à sa porte. Mais le lycée français, resté fermé hier, a annoncé qu'il ne rouvrirait que lundi. «Cette attaque (...) vient rappeler la réalité des menaces qui pèsent sur les intérêts et les ressortissants français en zone sahélo-saharienne. La plus grande vigilance reste donc de rigueur», a déclaré hier une porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christine Fages, à Paris, se refusant à donner des détails quant à un éventuel lien avec l'affaire des otages français retenus dans le nord-est du Mali par Aqmi depuis septembre dernier. En juillet 2010, Aqmi avait désigné la France comme cible après une opération militaire franco-mauritanienne menée contre une base de l'organisation au Mali, dont le but était de libérer un otage français, Michel Germaneau, et ayant fait plusieurs morts du côté des combattants islamistes. Aqmi avait par la suite annoncé avoir tué l'otage.