Hier, le calme qui a régné toute la matinée a été rompu en début d'après-midi, lorsque des échauffourées ont éclaté en plusieurs endroits de la ville. Après une nuit très agitée, la population de Béjaïa s'est réveillée hier sur un calme trompeur qui n'a duré que le temps de faire le constat des villes dévastées par la déferlante des émeutiers. Dans un périmètre de quelques dizaines de mètres, pas moins de trois agences bancaires sont complètement saccagées au chef-lieu de wilaya. Il ne reste de l'agence de l'opérateur public de téléphonie mobile Mobilis, de sa voisine Société Générale – qui a déploré le saccage dans la même nuit de sa deuxième agence du quartier Seghir – de BNP Paribas dans le quartier Dawadji et de CNEP-Banque mitoyenne du siège de la wilaya que des murs calcinés. Des jeunes émeutiers en furie se sont donné à cœur joie au saccage et au pillage de ces édifices dans la nuit de vendredi à samedi, où les forces de maintien de l'ordre se sont abstenues d'intervenir, sauf pour protéger le siège de la wilaya. L'agence Djezzy, détruite en novembre dernier dans le sillage de l'agression de l'équipe nationale du football au Caire, n'a dû son salut qu'à la fortification de ses accès. Dans la nuit de vendredi, de nombreux véhicules ont été saccagés dans le parking du bloc administratif, où les locaux de l'Inspection vétérinaire ont été brûlés. Hier, le calme qui a régné toute la matinée a été rompu en début d'après-midi, lorsque des échauffourées ont éclaté en plusieurs endroits de la ville, notamment sur l'axe Aâmriw-siège de la wilaya, et à Ihaddaden. Les manifestants sont revenus à la charge en prenant pour cible, cette fois-ci, l'agence postale et le siège de la daïra, sur le boulevard de la Liberté. Les CNS sont intervenus, en nombre réduit, pour repousser l'attaque en lançant des bombes lacrymogènes et en usant de tirs de sommation. C'était compter sans la détermination des émeutiers à trouver un édifice à se mettre sous la main. Le CFPA, un peu plus loin, a été investi et saccagé, alourdissant le bilan des dégâts déjà allongé par le saccage, presque au même moment, du siège de la daïra d'El Kseur où les hostilités sont montées d'un cran. A Amizour, les dégâts ont concerné les sièges de la daïra, de Sonelgaz, de la CNAS et le tribunal. A Sidi Aïch, l'émeute a repris de plus belle au point que des CNS sont venus en renfort. Entre-temps, les sièges des contributions et de l'APC se sont ajoutés au lot des administrations envahies par les émeutiers. En fin de journée, le tribunal est passé sous le contrôle de la foule. Les échauffourées continuent un peu partout dans la vallée de la Soummam. Une accalmie nous est signalée par contre à Tazmalt, qui a vécu une nuit d'émeute avec le siège de la gendarmerie, le pillage de la CNAS et le saccage de Sonelgaz, du tribunal, du bureau de main-d'œuvre et des Impôts qui ont brûlé. Le feu a d'ailleurs fini par détruire des câbles électriques, ce qui a provoqué une panne de courant dans la ville. A Akbou, les émeutiers n'ont pas décoléré, tout comme à Ighzer Amokrane. Selon une source locale, les manifestants ont revendiqué, dans cette dernière ville, le départ du commissaire de police et des CNS. Après une brève accalmie, la sûreté urbaine a été de nouveau attaquée, dans l'après-midi, à coup de pierres. Le même climat de tension règne à Chemini, où des manifestants ont lapidé, hier, le siège de la daïra, alors que les policiers ripostaient avec des bombes lacrymogènes. Sur la côte est de la wilaya, le climat s'est enflammé pratiquement sur tout le littoral. A Kherrata, la brigade de gendarmerie a été assiégée. Bibliothèque communale, Sonelgaz, agence d'assurances, APC, daïra, tribunal et ADE sont sérieusement endommagés. A Souk El Tenine, après s'être acharnés, la veille, sur l'ADE et les Impôts, les manifestants ont tenté hier de s'en prendre à la daïra et à la gendarmerie. L'émeute a fini par se propager aux villes d'Aokas et de Darguina, qui ont compté leur lot de dégâts (banques, ADE, APC, poste…). Des arrestations sont à signaler parmi les manifestants ainsi que des blessés des deux côtés dans certaines localités, qui n'ont rien perdu de leur fièvre.