En ces belles journées de janvier, la campagne oléicole bat son plein dans la wilaya de Bouira, comme on peut le constater auprès de toutes les huileries locales qui reçoivent quotidiennement des arrivages de récoltes du précieux fruit oblong, synonyme d'une production sensiblement supérieure à celle de la saison dernière. D'ailleurs, les statistiques de la direction de wilaya des services agricoles (DSA), ayant prévu de dépasser pour l'année 2010-2011 les 6 millions de litres – soit 3 fois plus que la production de la saison passée – illustrent d'ores et déjà l'optimisme de cette direction, qui, la saison écoulée, n'avait enregistré que 2,3 millions de litres. Par rapport au consommateur, cette embellie en production aura un effet positif sur le prix du litre d'huile, dont les mêmes services prévoient une probabilité de baisse qui pourrait avoisiner les 250 DA le litre. Toutefois, ces prévisions sont purement théoriques, puisque depuis que les 83 fabriques sur les 200 prévues pour être acquises cette année dans le cadre du fonds national de développement agricole (FNDA) ont entamé leur exercice, il n'y a pas eu vraiment de signe augurant d'une aussi importante baisse du prix de l'huile d'olive. Celui-ci oscille toujours entre 400 et 450 DA, suivant les régions et le type de huilerie (traditionnelle ou moderne). Interrogés sur cette situation empreinte de paradoxe, les producteurs affichent plutôt leur pessimisme, justifiant de tels prix par les pénibilités qu'endurent femmes et hommes lors du ramassage des olives et des récoltes en général. De plus, la féconde production de cette année, au point où, par endroits, les rameaux d'oliviers ploient sous le poids du fruit, ne constitue pas forcément une grande saison oléicole, comme les fortes quantités d'olives ne reflètent pas pour autant celles tirées en huile ou en qualité. C'est dire qu'il existe une forte disproportion entre la quantité de d'olives par rapport à celle de l'huile. En outre, même à ces prix (400 – 450 DA le litre), cela ne compense guère les difficultés que rencontrent les paysans pendant les récoltes, avec les conditions climatiques défavorables et la persistance des intempéries. En matière de qualité, ces producteurs vouent plus leur préférence aux huileries traditionnelles qu'à celles dites modernes, estimant que la saveur de l'huile est bien meilleure chez les premières, même si la quantité extraite est plus importante dans les pressoirs modernes. Pour les propriétaires d'oliveraies et de huileries, le prix de 250 DA est une illusion, sachant que même l'huile de la production de l'année passée n'est pas cédée à moins de 400 DA le litre. Certes la campagne oléicole n'est pas encore terminée et qu'il est fort probable qu'il y aura baisse du prix, mais celle-ci n'ira certainement pas jusqu'à atteindre les prévisions de la DSA, affirment des oléiculteurs. Notons par ailleurs que la wilaya de Bouira, si riche en terre agricole, va bénéficier d'un important programme de plantation d'oliviers, dont la superficie globale est estimée par les services agricoles à quelque 5 000 hectares, allant de l'est à l'ouest et au sud de la wilaya.