Le secteur de la pêche continue de broyer du noir avec des perspectives sombres pour une quarantaine de jeunes armateurs qui se plaignent de ne plus être en mesure de payer leurs traites. Ces dernières s'élèveraient entre 32 et 40 millions de centimes par trimestre. Regroupés au niveau de l'association Rouwed El Bahr, ils se battent contre un mur d'incompréhensions. Ayant été dans l'obligation d'hypothéquer leurs maisons ainsi que leurs navires acquis dans le cadre de l'ANSEJ ou du programme de la relance économique initié par le président, ces jeunes investisseurs ont la nette impression d'avoir été abandonnés au milieu du gué. Ayant contracté des prêts auprès des banques à un taux de 2,25% pour les projets ANSEJ et de 5,25% pour ceux de la relance, ils ne sont jamais parvenus à apurer leur dettes. Pire, ils ont tous été contraints de négocier en position de faiblesse un rééchelonnement qui s'avère, selon leurs dires, suicidaire. La première surprise leur sera assénée par la banque qui augmente immédiatement le taux de l'emprunt, le faisant passer jusqu'à 6,25% pour les projets relevant de l'emploi des jeunes (ANSEJ) et 5,5% pour ceux relevant du dispositif de la relance économique. Ayant acheté des bateaux en polyester de 10 mètres, ils ont dû faire un apport personnel de 30%, les 70% étant à la charge des banques. Si bien que, pour ces petits sardiniers, un navire a coûté pas moins de 400 millions de centimes. L'un des responsables de l'association Rouwed El Bahr observe, avec amertume, le payement d'une TVA qui lui aurait coûté pas moins de 80 millions de centimes. Un acte antiéconomique, selon ses propos, ajoutant que, de la sorte, on pénalise ceux qui n'ont pas d'autre choix que le recours à ce type d'activités. Lui et ses collègues auraient bien apprécié que la TVA sur l'acquisition d'un outil de travail soit tout simplement abrogée. Mais c'est incontestablement la raréfaction de la ressource halieutique qui apparaît comme étant le facteur le plus contraignant pour ces armateurs. Rééchelonnement du crédit En effet, tous dénoncent, avec véhémence, l'usage par les chalutiers de filets à corde qui sont, disent-ils, interdits à travers le monde et seulement tolérés et admis en Algérie. Ces filets, qui raclent les fonds, provoquent, à les croire, une véritable catastrophe sur la faune et la flore marine. «Cette concurrence déloyale nous paralyse», dira un autre armateur. «Car si, lors de l'acquisition, il y a de cela 5 ans, la ressource était plus abondante, très rapidement, avec la multiplication du nombre de chalutiers recourant à des techniques de pêche irrationnelles et intensives, le niveau des prises a considérablement chuté, nous obligeant à recourir au rééchelonnement», a-t-il ajouté. Contraints et forcés, ne pouvant ni reculer ni avancer, ces armateurs se voient condamnés à court terme. C'est pourquoi ils saisissent régulièrement les responsables à tous les niveaux afin que leurs dettes soient véritablement rééchelonnées en crédit à long terme tout en veillant à maintenir le taux de l'emprunt initial. Autrement, ils ne voient pas comment se dépêtrer de cette nasse dans laquelle ils ont été jetés. En guise de conclusion, nos interlocuteurs soulignent que le problème n'est pas spécifique à Mostaganem mais concerne la totalité des ports de pêche du pays où ils sont près de 300 jeunes armateurs à être acculés par les banques et livrés à la rapine sans vergogne. D'autres armateurs déplorent l'absence totale de soutien par les Chambres de la pêche et par la tutelle.