L'interdiction de certains médicaments à l'importation semble être abandonnée. Les listes des médicaments interdits à l'importation établies depuis 2008 ont été expurgées de plusieurs produits. Sur les 444 dénominations communes internationales (DCI) placées à ce jour sous le sceau de l'interdiction, seulement 130 produits sont officiellement interdits. Cette mesure a été annoncée, hier, par le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, lors d'une rencontre au ministère avec les producteurs nationaux. Il a également décidé de surseoir à la circulaire portant obligation aux producteurs de distribuer eux-mêmes les médicaments jusqu'à 2012. «Ce sont des décisions prises en étroite collaboration avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia et sous la totale confiance du président de la République», a-t-il précisé avant de souligner que le médicament relève de la souveraineté nationale. «Ce n'est pas comme l'huile et le sucre», a-t-il martelé. Mais Djamel Ould Abbès, rappelons-le, a déclaré lors de la première rencontre en octobre 2010, avec les producteurs à l'Institut Pasteur que la décision de la distribution est irrévocable. Il semble qu'il y ait un changement dans la vision du gouvernement sur le marché du médicament en Algérie puisque l'interdiction à l'importation vient d'être revue. «Des dysfonctionnements et des zones d'ombre ont été constatés et l'analyse de la situation le montre bien», a déclaré Ould Abbès aux producteurs tout en les rassurant : «La corruption sera combattue. Vous n'avez besoin de personne pour faire valider votre programme. L'ère du piston est révolue. Celui qui a des soucis peut se présenter au cabinet où une cellule spéciale du médicament vient d'être installée.» Que devient la direction de la pharmacie qui a élaboré en tout trois listes de médicaments interdits à l'importation depuis l'instruction de 2008 du chef du gouvernement à ce jour et qui portent respectivement 130, 98 et 216 produits. Un tiers et deux tiers de ces deux dernières listes seront ouverts à l'importation afin «de couvrir la totalité des besoins du marché», a déclaré M. Ould Abbès avant de signaler que 35 produits jusque-là conditionnés seront également importés. Il a fait savoir que sur l'ensemble des produits interdits à l'importation et pour lesquels des producteurs se sont engagés à fabriquer, 19 sont actuellement absents du marché pour différentes raisons. «Les producteurs n'ont pas tenu leurs engagements», a-t-il souligné. Des produits, il faut le noter, sont toujours en rupture de stock et les programmes à l'importation ne sont pas toujours signés par le ministère. Il est de même pour de nombreux produits essentiels en rupture pour (des raisons purement bureaucratiques, demande de variation, l'attestation pour le tiers de vie, etc.). Le directeur de la pharmacie, M. Hafed, a mentionné que 1281 produits sont enregistrés pour la fabrication. Ce qui représente 23% de la nomenclature et 80% sont proposés à l'interdiction. Il est clair que le retour à l'importation du produit fini est encore une fois encouragé au détriment de la production nationale. Les producteurs présents à cette rencontre ne s'attendaient pas à de telles décisions. «Ce que nous avons gagné en 2009, environ un taux de chiffre d'affaires de 38% sera perdu avec ces nouvelles mesures», commente un producteur avant de signaler que «pas plus d'une dizaine de produits sont réellement soumis à l'interdiction». Et à un autre producteur de s'interroger sur les mécanismes à mettre en place afin d'assurer la fabrication du tiers de la liste des 96 produits et les deux tiers des 216 produits. «Qui va produire ce manque et assurer une disponibilité sur le marché avec un stock de six mois tel que cela est exigé par le ministère. Quels sont les critères exigés», s'interroge-t-il.