Depuis l'application des tarifs de référence et l'interdiction d'importer certains médicaments produits localement, les prix de plusieurs médicaments ont accusé une baisse qui a atteint les 1000 DA pour certains, a révélé hier M. Bourkaib, responsable au ministère de la Santé. Intervenant à l'occasion de la rencontre internationale de pharmacie d'Alger, qui se tient depuis hier à l'hôtel El Aurassi, M. Bourkaib a indiqué que, suite à l'établissement de la première liste de médicaments soumise au tarif de référence, en 2006, la consommation du générique a augmenté, induisant une baisse des dépenses de la sécurité sociale. Une seconde baisse est attendue en 2009 grâce à l'élargissement de cette liste, depuis octobre 2008, à d'autres catégories de médicaments. Une baisse significative des prix a touché jusque-là 40 produits qui comprennent même des princeps et des médicaments destinés aux maladies chroniques. Cette mesure, qui vise à encourager les investisseurs nationaux dans le secteur pharmaceutique, a permis également le redémarrage de la production au niveau du groupe Saidal et la promotion du médicament générique qui représente les 2/3 des médicaments consommés en Algérie. Réduction des remboursements La liste, qui a concerné 330 médicaments dans un premier temps, sera élargie dans deux ans à 700 autres produits de dénomination commune internationale (DCI). Cette action constitue l'une des mesures de rationalisation des dépenses en termes de médicaments, a expliqué M. Bourkaib qui estime que la réduction de la facture d'importation interviendra également à travers l'application du tarif de référence de remboursement de médicaments. Ceci aura pour conséquence la réduction des remboursements des médicaments par la Cnas, qui a dépensé plus de 77 milliards DA en 2008. La liste des médicaments remboursables comprend 1199 DCI, représentant 3200 marques. L'autre action décidée par le ministère de la Santé pour encourager la production locale est l'interdiction d'importation de certains médicaments. Selon Malik Aït Saïd, membre de l'Union nationale des opérateurs pharmaceutiques (Unop), la liste des médicaments interdits à l'importation devra être révisée en fonction des impératifs du marché et des besoins nationaux. Dans une communication sur les facteurs clés de succès de la relance de la production locale, il a relevé que «50% des remboursements des prestations au niveau de la sécurité sociale concernent les médicaments». Des mesures incitatives destinées aux prescripteurs et aux pharmaciens seront adoptées prochainement. Hausse de la facture d'importation L'autre phénomène inquiétant, de l'avis de cet opérateur pharmaceutique, est la constante hausse de la facture d'importation des médicaments. La facture passera à 4 milliards de dollars en 2012 avant d'atteindre les 6 milliards de dollars d'ici à 2015, indique ce responsable qui prône l'encouragement de la production nationale, expliquant également qu'en favorisant le produit local, on contribuera par ricochet à réduire la facture d'importation. Une décision pareille permettra de donner un nouveau souffle aux opérateurs du secteur pharmaceutique qui ont doublé le volume de leur production en l'espace de quatre ans, et ce, malgré l'absence de mesures incitatives.Parallèlement au taux moyen des cotisations sociales qui est de 10 000 DA/an, les dépenses de santé sont en nette évolution. La tranche d'âge candidate aux maladies chroniques devient de plus en plus importante, a fait remarquer Malik Aït Saïd, précisant que «nous enregistrons de plus en plus de pathologies coûteuses en termes de prestations de santé». Pour garantir la réussite du dispositif et assurer la disponibilité des médicaments, il a plaidé pour l'instauration d'un système de régulation et des approvisionnements, l'identification des besoins et des données fiables. «Il faut assurer un stock permanent de 3 mois», a-t-il suggéré. La promulgation de textes réglementaires «clairs» pour préciser les modalités d'accès, de retrait, de suivi et de sanctions prises à l'égard des opérateurs qui seront appelés à assurer les besoins nationaux en médicaments est également proposée par le membre de l'Unop qui a parlé, dans le même sillage, de «la nécessité de mettre à niveau la réglementation en vigueur et la formation des pharmaciens industriels ainsi que le renforcement des audits au niveau du ministère de la santé». L'adoption de ces mesures, pense ce responsable, permettra aux opérateurs algériens d'assurer la couverture de 65% des besoins nationaux.